Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Prendre le train en marche

par Ali Brahimi

Les bouleversements en cours, chez quelques pays arabes, ont donné des idées aux partis politiques algériens, notamment d'obédience islamiste, afin qu'ils puissent prendre le train en marche sans qu'ils tiennent compte des mauvaises surprises.

Cette manière d'exploiter le mouvement contestataire, que des millions de jeunes arabes notamment progressistes ont initié au prix d'efforts ininterrompus et de lourds sacrifices consentis depuis de longues décennies, s'apparente à une aventure sans lendemains car chaque action à sa spécificité et ses moyens particuliers.

En Algérie, l'objectif du changement serait comment instaurer une continuité et d'assurer la relève afin d'effacer les erreurs des gouvernants successifs. En attendant, que ces reformes puissent donner leurs fruits, il existe des apprentis sorciers qui ne cessent de bourrer les crânes des gens en informations excessives voire non sérieuses

Alors que le sérieux, la vivacité, et l'avenir, appartiennent à une dynamique justice sociale et aux vertus de la Démocratie que les successifs systèmes de gouvernance n'ont pas pu/ou voulu instaurer, dans les règles de l'art, conjointement avec les forces vives d'opposition qui, malheureusement, ont été flouées et disloquées.

Ainsi, les gouvernants et quelques partis politiques ne tiennent compte des vrais problèmes et les erreurs d'appréciation, du passé et d'aujourd'hui, que lorsqu'ils se retrouvent confrontes aux amères réalités En clair, cette manière de faire a maintes fois démontré ses incapacités malgré toutes les précautions prises afin de rehausser le niveau En effet, si à chaque fois on prend le train en marche, et qu'on recommence si rien n'était, cela pourrait faire débarquer tant d'espoirs.

En plus, quelques gouvernants, des pays arabes, n'admettent pas qu'ils puissent se tromper dans leur jugement encore moins qu'ils évitent de ne pas prendre hâtivement et sans précaution préalable le train, de l'Histoire en marche, qui ne s'arrête qu'exceptionnellement.

A titre d'exemple, les convictions excessives conjuguées a celles des pouvoirs dictatoriaux que ce soient a connotation religieuse ou nationaliste, comme c'est le cas du soufisme Egyptien ainsi que l'intégrisme voilé des coptes et les agissements du parti de l'ex président déchu qui ont pris le train de la contre-révolution ; ou affidés a l'idéologie des frères musulmans qui ont également pris le train de la révolution en marche, sont en train tous les deux de couver la seconde révolution du peuple Egyptien. Entre-temps, des éditoriaux d'ici et d'ailleurs, habitués au son des anciennes cloches, souhaitent que ces changements aboutissent au fiasco voire le chaos.

Pourtant, en Algérie, quelques islamistes ont rendu d'immenses services à l'Etat qui n'a pas lésiné en moyens financiers mis à leur disposition. Dont l'autoroute Est-ouest malgré ses hauts et ses bas. En tout cas, malgré leur versatilité, ils tiennent bon et quelques-uns ambitionnent d'atteindre le pinacle. Pour le moment, ils se divisent, se regroupent, cassent les oreilles des gens au gré de leurs humeurs et surtout des intérêts. En un mot, rien de sérieux

Cependant, les enjeux et défis, notamment socioéconomiques et géostratégiques, des prochaines années, à l'échelle des pays maghrébins y compris ceux ayants des colossaux fonds financiers, seraient sérieusement ardus a surmonter particulièrement pour les pays en perpétuelles recomposition et crise de gouvernance.

A l'évidence, l'avenir exigera plus de sérieux ainsi que le savoir-faire révolutionnaire et non les discours emphatiques voire anecdotiques suscitant l'apitoiement général et les fausses sympathies des groupes malintentionnés tandis qu'entre-temps le feu couve dans les chaumières malgré que la rente coule a flots en dépenses pharamineuses et en malversations, internes et externes, conjuguées aux intérêts des clans, internes et externes, acceptant de moins en moins que les dirigeants soient au dessus de la ? mêlée.

La preuve par au moins 4 dirigeants arabes (Tunisie, Egypte, Libye, Yémen?), qui l'ont appris à leurs dépens. Par conséquent, en politique, il serait dérisoire voire absurde de courir après le train de l'Histoire, il faudrait plutôt repartir à point et ne rien laisser ni au hasard ni aux reproches. En d'autres termes, il faut savoir quitter au bon moment la table du train des plaisirs engendrés par le pouvoir de la politique.

A ce propos, une sage mère d'un haut responsable politique Algérien, des années 1960, recevait des parentes et voisines venues la féliciter au sujet de la nomination de son fils a un poste supérieur. Elle répondit calmement : Complimentez-moi, lorsqu'il sortira sain et sauf de cette haute mission. Sans aucun reproche ni remords et, surtout, par la grande porte afin qu'il puisse terminer sa vie dans la quiétude avec sa famille. Une maman a toujours raison. !