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Gavés de promesses

par Ali Brahim

A quelques semaines des élections législatives, certains candidats à la députation gavent les électeurs en discours ennuyants

Curieusement, cela nous fait rappeler, malgré le temps passé et la relative amélioration au plan des mentalités, les débats télévisés des chefs de partis politiques, institués après les douloureux événements du 5 octobre 1988, gavant la population en programmes mirobolants. En vérité, la plupart des responsables de ces partis se comportent pareils aux apprentis sorciers

En plus, ils ont agité imprudemment et impudemment, le fantôme de l'ennemi imaginaire qui a fait des ravages dans la conscience collective de l'époque. Heureusement, cet épouvantail ne tient plus débout aux temps actuels malgré quelques survivances tenaces. Donc, prudence et vigilance, il représenterait toujours une lame à double tranchant incontrôlable voire imprévisible ! Quoi qu'il en soit et adviendra, aujourd'hui plus qu'avant, le véritable adversaire d'un peuple c'est manifestement son irresponsabilité et ses erreurs d'appréciation devant les dangers actuels et d'avenir.

Parmi les programmes biscornus de cette époque effervescente, nous notons celui d'un chef de parti célèbre en son temps. Ce soi-disant projet consistait à ramener l'eau de la mer méditerranée a partir du golfe de Gabés, en Tunisie, jusqu'à la région de Biskra. En réalité, c'est un ancien projet déterré des archives de la colonisation, en Algérie, puis rapidement enterré par son auteur, au début du siècle précédent, parce qu'irréalisable. A l'image du grand fleuve bidon planifié par le défunt guide Libyen ne reculant devant rien dans ce genre d'affaires alambiquées afin d'apaiser ses lubies.

Pourtant ce projet, repris par ce responsable politique sachant embobiner ceux qui l'écoutent, a eu un effet d'annonce considérable dans l'opinion publique et politique de l'époque. Le lendemain, les médias encensaient et propageaient cette idée genre discours d'un guérisseur forain vendant un élixir soulageant tous les maux.

Aux aguets, des opportunistes percevaient dans ce chef de parti, le futur président voire le sauveur de l'Algérie. Depuis, on n'entendit plus parler de lui

Tout juste après, la décennie noire allait commencer avec son lot d'occasions ratées, de malheurs et manigances incessantes, anéantissant tant d'espoirs liés à la liberté et démocratie. Hélas, après avoir merveilleusement attiré l'admiration du monde, particulièrement les peuples arabes, notre expérience démocratique a finalement découragé, au grand plaisir des dictateurs, ces pays de prendre le chemin du changement. Ainsi, elle était le mauvais exemple à suivre. Cela a duré deux décennies. Cependant, l'automne Algérien de la colère a, directement ou indirectement, incité le sursaut révolutionnaire printanier notamment chez quelques pays Maghrébins.

A ce propos, quelques peuples arabes considèrent le droit, d'exister et d'exprimer ses idées et doléances, semblable a un cadeau offert par papa Noël ; et le devoir comme une tache imposée d'en haut: l'indéfini, l'inconnu... A titre d'exemple, les anciens et les prochains élus Algériens, confortés par ce comportement aléatoire et biscornu d'une importante frange de la population Algérienne gavée de promesses non accomplies, continuerons sans états d'âme à se sucrer au passage sur le dos de ces foules puisque se complaisent du déraisonnable et la tchatché.

Au vu de quelques reportages télévisés s'apparentant a des soupapes d'échappement bien huilées et synchronisées, entre les différentes chaînes nationales privées et publiques, c'est qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, dans la tète de la population, du fait qu'elle continue de ne pas croire en elle-même, encore moins qu'elle sache d'où vient le blocage , puisque hésitante et submergée par des leaders d'opinions au passé douteux (genre allumeurs des foules dans un match de football) médiatisés a outrance, chez nous, et qui s'expriment en hurlant a la place de la jeunesse paradoxalement de moins en moins éveillée, par rapport a celle d'avant, malgré quelques exceptions. L'exception fait la règle, disait le poète et dramaturge Bertolt Brecht (1898-1956). A méditer dans toutes ses significations.

A titre d'illustration du mépris affiché, à l'intention des jeunes d'aujourd'hui, une question indécente, parmi d'autres, mérite qu'elle soit consignée : C'est celle leur demandant abruptement s'ils accepteraient de l'argent offert par des candidats !(1) En vérité, les nouvelles générations vivent une lancinante crise existentielle et nullement matérielle. En plus elles ne savent pas a qui s'adresser afin d'alléger leurs souffrances et, ce qui est plus alarmant et déroutant, ils demeurent plutôt intéressés par l'élection présidentielle que celle de la députation objet de tous les dénigrements et humiliations. Ce comportement nous reconduit à ce qui a été dit plus haut En un mot : l'angoisse des lendemains.

En revanche, elles se défoulent à l'occasion d'un match de football international et a l'occasion un événement politique extérieur Curieusement, ces nouvelles chaînes télévisuelles ont montré cette semaine, en flash et en boucle, des débats d'idées de la part de quelques jeunes Algériens supporteurs (un terme footballistique) de? François Hollande considéré, a tort, comme un ami de l'Algérie. Ce qui est insupportable, voire ridicule, c'est que des ministres Algériens souhaitent la réussite de la gauche et le départ de la droite. Quel gâchis !

Ce candidat heureux mime parfaitement son mentor (rappelant la gloire de la gauche durant la décennie noire en Algérie) en gestes et paroles ainsi qu'en arrogance et envolées lyriques méprisantes, genre 4e République française et style M. François Mitterrand dont on connaît le passé et ses déclarations, dés le lendemain de la révolution du 1er Novembre 1954, confirmées manifestement par ses agissements en 1955 (le martyr Zabana guillotiné) et 1956 et 57 dont l'ignominieux étranglement télécommandé, par le cabinet socialiste de M. Guy Mollet, du défunt Larbi Ben Mhidi.

Par la force et le hasard de l'Histoire, l'ancien collaborateur et admirateur de Mitterrand, du temps ou il était avec son ex épouse a l'Elysée, demeure manifestement fidèle aux principes du passé colonial gauchiste de la France admettant l'indépendance de le Tunisie et le Maroc, entre autres, et renforçant la répression féroce en Algérie de 1954 a 1958. A propos de la mémoire, un haut responsable ministériel d'un département chargé de sauvegarder les symboles de la révolution novembriste, a été vertement humilié par le ministre français des affaires étrangères la veille de la première visite d'Etat, en Algérie, du président Nicolas Sarkozy qui est de droite. Il serait utile de rappeler que les nostalgiques de la colonisation se nichent chez l'ensemble des tendances politiques.

Donc, l'Histoire est la seule référence capable de nous guider dans la voie de la clairvoyance. En effet, du 1e' Novembre 1954 a 1958, en passant par le Congrès de la Soummam de 1956, c'est le gouvernement de la gauche française qui a utilisé tous les moyens démoniaques afin d'aplatir la ténacité du peuple Algérien. En vain. De 1958 jusqu'à 1962, le Général de Gaulle a pris la direction inverse de la gauche et ses braillards en Algérie (le qualificatif est du Général). Ce qui lui a valu plusieurs coups de force et attentats avortés.

Quoiqu'il en soit, les deux tendances politiques (gauche/droite), c'est du pareil au même. Elles ne feront jamais des cadeaux à l'Algérie. Alors qu'on cesse de divaguer et se ranger aveuglement et par dépit dans l'un des deux camps Malgré ces insanités, l'Histoire, de la mémoire collective d'hier et en marche actuellement et celle de demain, ne serait jamais manipulée, amoindrie par des apprentis sorciers, encore moins prendre le sens inverse de son cours. Au grand jamais !!

NOTE :

1- Un reporteur d'une de cas nouvelles chaînes télévisuelles, questionnât un jeune s'il accepte de l'argent offert par un député. Il répondit de but en blanc : je prends l'argent et je mettrais un bulletin nul dans l'urne. Un exemple, parmi d'autres, édifiant. A méditer?

Un autre jeune, manifestement embobiné par une certaine lecture journalistique abracadabrante (en vérité trompeuse), stigmatise les gens qui sollicitent les avions du NATO pour qu'ils bombardent? l'Algérie. Du délire ! Afin d'éviter ça, ajoute-t-il, il faut aller? voter en masse Qui dit mieux ?