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Halte au feu !

par Ali Brahimi

Pendant la période du cessez-le-feu, signé entre l'Algérie et la France, allant du 19 mars au 5 juillet 1962, l'Organisation Armée Secrète (OAS)  a eu l'occasion de mettre à feu et à sang les grandes villes du pays.

C'est, également, durant cette courte transition que des désaccords ont réapparu, au sein des hommes politiques et ceux de l'Armée de Libération Nationale, provoquant la dislocation des rangs autrefois cimentés dans le feu de l'action et la clarté des objectifs tracés par la révolution du peuple Algérien.

Donc, c'est pendant cette période que la population subissait de plein fouet les contrecoups, de ces confusions et mésententes, malgré son sursaut révolutionnaire préparé depuis des décennies et achevé après plus de 7 longues années d'âpres combats acharnés afin d'éliminer ces désunions qui ont permis au système colonial de faire ce qu'il lui plaisait durant plus d'un siècle.

Ainsi, du combat libérateur accomplissant son principal objectif qui est l'indépendance de toutes les sujétions, le peuple Algérien se retrouve confronté au grand combat émancipateur des esprits, ainsi défini par des visionnaires de l'époque, dont nous observons actuellement plusieurs de ses objectifs ratés. Dont, principalement, celui de la prise en main effective et pratique de sa liberté liée a l'évolution et l'expression des idées dans un cadre d'une gouvernance pertinente, féconde et renouvelable, basée sur des solides mécanismes démocratiques.

Déjà, dés les premiers mois de l'indépendance, il manifestait son appréhension sur la sujétion de la révolution comme suit : « c'est la révolution du peuple et au seul profit du peuple qui est l'unique héros » Et son cri pathétique a l'adresse des assoiffés du leadership : « 7 ans de combats, ça suffit ! (Barakat) ». En vain, car la Dictature en herbe a horreur de l'héroïsme grandissant des peuples Et la cohésion des rangs. Elle préfère celui de l'homme, soi-disant providentiel voire prédestiné, sous influence des clans cloisonnés et rapetissés par la force des avantages indus.

C'est à partir de ce moment-la qu'il y a eu les grandes divergences claniques et l'effritement de la ténacité mobilisatrice du peuple Algérien.     

Au fil du temps, et a force de l'abandon des uns, d'une part, et, d'autre part, d'intérêts convoités par les opportunistes, combattants de la dernière minute, que le népotisme a eu largement le dessus sur la détermination et l'adhésion militante d'une bonne partie de la population entièrement disposée, au départ, a tout sacrifier pour l'intérêt suprême du pays. Ainsi, par la force des absurdités ci-dessus décrites, ces survivances du genre : « chacun pour soi et Dieu pour tous » utilisé a tort et a travers, durant les sombres siècles de l'occupation étrangère, ont la peau dure et continuent se sévir de plus belle, aux temps actuels, a l'échelle du Maghreb. Certes l'incongruité est une constante de la nature humaine, cependant ne dit-on pas que la raison est le propre de l'homme ?

Et ceux qui ont adopté le sens de la raison du fait de leur capacité intellectuelle à l'image des pays éveillés et déterminés a évoluer dans le bon sens de l'Histoire (que certains personnalités complexées du monde arabe dénigrent inconsidérément), ont ainsi sauvegarder les acquis de Liberté et Démocratie, malgré les écueils, et réussirent l'application dans les règles les préceptes de la bonne gouvernance, et, qui, subséquemment, ont réussi a dépasser leur différend voire la gaminerie due aux frustrations du passé.

A ce propos, mercredi passé, le décès du premier président Algérien, Ahmed Ben Bella, a attristé le peuple Algérien qui a compatit en silence, avec sa famille, la disparition de celui qui, lors de l'attaque sur Tindouf par l'armée marocaine en 1963, avait dit dans une voie enrouée a cause de la colère : « Hagrouna, Hagrouna ! ». Ils nous ont agressé. Un cri de dépit sorti des tréfonds de son être ! Récemment, il a fièrement annoncé qu'il est d'origine marocaine. Hélas, le regretté révolutionnaire ne sera ni le premier ni le dernier d'apprendre à ses dépens le mépris d'une partie du Maghzen alaouite. Y compris à titre posthume ! Au fait, à l'occasion de n'importe quelle cérémonie mortuaire notamment musulmane, ne dit-on pas que le protocole serait superflu puisque les gens ont d'autres lieux pour le revendiquer et se chamailler pour ce genre de broutilles ? Alors, cessons une fois pour toutes, en tant que pays frères, de chercher le chemin des noises et des fausses excuses. Il ne mènera nulle part.

 Il serait utile, pour l'évacuation des ces scories absurdes du passé, de noter qu'il y a eu d'autres faits similaires dans l'histoire mouvementée du Maghreb dont a chaque fois c'est l'Algérie qui paye les pots cassés en termes d'affronts dont les séquelles de la colonisation avec ses impacts pervers que nous subissons tous ensemble.

 Tôt ou tard, et quelques qu'elles soient toutes les échappatoires, seule la raison l'emporterait sur l'incompréhension et la bêtise du genre : honorons uniquement le jockey d'aujourd'hui. Et encore: le roi est mort, vive le roi Pourtant, c'est le peuple qui est apte à faire cavalier seul tout le temps. Donc, honorons la mémoire des peuples sans oublier de juger impartialement, avec respect vis-à-vis des peuples, celle des individus quelques qu'ils soient. Désormais, Le premier président de l'Algérie n'est plus de ce monde. Il appartient à un autre. Et l'Histoire c'est ?l'Histoire

En revanche, des hauts dirigeants Tunisiens ont assisté, de bout en bout, aux funérailles du défunt Président. Et Dieu sait combien nos frères tunisiens, dont a leur tête le défunt président Bourguiba, ont supporté les écarts de jeunesse de nos combattants, durant la guerre de libération nationale, emportés par la fougue de leur age.

A l'évidence, les révolutions produisent des miracles. Et surtout le sens de la sagesse. (1)

A ce dernier propos, notre deuxième sujet d'actualité concerne la situation du peuple Syrien en feu incessant. Malgré le soi-disant cessez-le-feu annoncé cette semaine, le régime Syrien a prouvé qu'il ne veut/ou ne pourrait pas s'arrêter de jeter l'huile sur le feu. En fait, c'est le comportement habituel de toutes les dictatures en fin de parcours. En effet, le régime Syrien est allé trop loin dans son arrogance.

Entre-temps, il accepte le cessez-le-feu (désormais le régime Syrien est sous dépendance totale des russes qui décident a sa place), en vue de discuter avec des?bandes armées terroristes. En d'autres termes, après les manifestations populaires, il espère depuis des mois (la contestation a plus d'une année) de brouiller davantage les pistes afin de militariser davantage la revendication civile exigeant son départ. Sérieusement, lequel pourrait abattre la détermination d'un peuple impétueux qu'il soit armé ou non ? En vérité, il continue de croire qu'il va avoir le dessus.

Quel gâchis ! Ainsi vont les révolutions accomplies. Troublantes et renversantes. Elles n'ont ni haltes ni repos, encore moins qu'elles acceptent les compromis et abhorrent les inconstances, puisque sitôt excitées elles foncent sans arrêt jusqu'au bout. Donc, elles sont impétueuses, imprévisibles et indomptables !!!

NOTE

1. Le défunt guide Libyen voulait coûte que coûte sceller une union avec la Tunisie. Le regretté Bourguiba hésitait. Après un bon bout de temps, il signifier son refus au guide constamment en feu de paille dans ce genre d'aventure unioniste. D'après des témoins membres du gouvernement Tunisien, consternés par cette fin de non-recevoir, Habib Bourguiba aurait dit : Ecoutez, beaucoup d'argent mène un jeune à la folie des grandeurs. Prémonitoire le jeune avocat

et vieux combattant !