
«Participer
? Moi, je veux bien. Mais pas seulement aux élections. Je veux être partout, tout
le temps et pas seulement de temps en temps. C'est le problème : je suis
d'accord pour participer, mais en commençant depuis le début. Je ne veux pas
participer uniquement aux guerres de Libération, pour sauver Alger des GIA ou
pour les élections. Je veux plus et en tout. D'abord, je veux participer à la
désignation du wali. D'ailleurs, je ne veux même pas qu'il y ait des walis mais
seulement des gens que je désigne moi. Ainsi, je participe à gérer ma wilaya et
ma commune et mon quartier et mon pot de fleurs. Du coup, je participe dans les
appels d'offres, la réfection des trottoirs, l'urbanisme, les lots de terrain, les
choix des écoles et du ciment et le diamètre des ronds-points. Ensuite, je veux
participer au Conseil de gouvernement. Je veux être là : boire de l'eau
minérale sous l'ENTV, écouter, dire ce que j'ai à
dire, écouter encore et participer à la rédaction du communiqué final et aux
décisions prises. Ensuite, je veux participer au choix de mon pays pour les
Affaires étrangères. Ce ne sont pas les affaires d'un seul ou de sa famille. Ce
n'est pas une affaire de vente de cigarettes mais le choix de mon image
ailleurs, de mes soutiens, de ce que je veux et de ce que je pense du reste du
monde. Ensuite, je veux participer même aux choix des salades à la Présidence et à la
peinture de la capitale et de ma façade. Puis je veux participer dans ce que
fait Sonatrach de mon pétrole et de ce qu'on fait de
mon Sahara, du Sahel, à mes souliers. Je veux participer, comme vous le voyez, mais
dans tout et pas seulement dans des élections ou pour faire la chair à canon ou
jouer « les hommes debout ». Tout cela veut dire le choix des ministres, le
nombre des députés, les impôts, les lois, les augmentations de salaire, les
entreprises, les exportations, les expulsions. Je veux que ça soit moi qui
efface, ou pas, les dettes des fellahs par exemple. Je veux que ça soit moi qui
décide qui recevoir au pays, ou pas. Je veux participer à la loi de finances, aux
décrets entre les sessions parlementaires, aux interdictions et aux
autorisations et aux lévitations. Le pétrole, je veux participer à le vendre, compter
les sous et décider de comment les manger. Je veux savoir combien mange mon
armée et que je participe à l'habiller et à la payer et à lui donner des ordres.
A elle et au reste des corps constitués. Je veux être le juge du juge et
participer à chaque procès, chaque conseil d'administration et chaque caisse de
mutuelle et chaque caisse noire et chaque fonds de régulation.
Du coup, je veux plus que vous me demandez : je
veux participer, réellement, profondément, concrètement. Cela n'est pas
possible ? Cela veut dire que vous ne voulez pas participer et que vous ne
voulez pas que je participe donc. Car, c'est là le vrai sens du mot. Je l'ai lu.
Participer, je le veux en tout et pas seulement à remplir une urne. Sinon, pas
la peine : on ne parle pas du même mot».