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Quelles partitions ?

par Ali Brahimi

Ces derniers temps, des commentateurs foisonnent en hypothèses alarmantes autour de la prétendue partition du territoire libyen, et prédisent des scissions d'un genre différent de celui précité à l'échelle de quelques pays arabes du Maghreb et du Moyen-Orient.

Pourtant, une gouvernance fédéraliste mûrement réfléchie, acceptée et judicieusement appliquée par les populations aptes a s'autogouverner, pourrait déboucher à une solution aux problèmes générés par la gouvernance centralisatrice, de l'ensemble des pouvoirs, de type clanique et dictatorial du genre : celui qui n'est pas avec nous est contre nous.

Ainsi, elle est perçue comme une calamité mettant en péril l'unité nationale des peuples qui ont spécialement opté pour le changement radical de leur situation devenue insupportable à cause du dysfonctionnement des institutions de la base au sommet des Etats accentuant la détérioration des territoires isolés, marginalisés notamment situés au Sahara qui est pourtant riche en ressources minières

A l'évidence, ces analyses à répétition reflètent le manque d'imagination et de pugnacité de quelques élites scientifiques (isolées elles aussi) et politiques, de plus en plus déroutées, devenues inaptes à s'imposer encore moins proposer des nouvelles méthodes pertinentes et convaincantes afin que les décideurs se déterminent d'opérer en profondeur la manière de gérer, a la lumière des enjeux et défis du siècle, les aspirations des gens et la gestion rationnelle des territoires..

A titre d'exemple, certains pays européens, d'Amérique, l'Asie, qui ont accompli anciennement leurs révolutions après de lourds sacrifices, ont permis aux générations actuelles de bénéficier des multiples avantages issus de la régionalisation, conçue et appliquée rigoureusement, des territoires, leur permettant l'instauration adéquate et adroite du fédéralisme.

Donc, ces peuples sont parvenus, non sans difficultés en tous genres, a une cohésion nationale cimentée démocratiquement au lieu de celle rapidement effritée chez quelques régimes, de l'ex bloc dit de l'Est, disloqués brutalement car centralisateurs a outrance de la diversité des peuples qui ont réussi à se libérer d'un asservissement au prix d'efforts considérables. Malgré quelques survivances du passé, ils ont récupéré, en contrepartie de ces efforts, un trésor inestimable : la dignité et la démocratie de la base au sommet des Etats.

Manifestement, les systèmes de gouvernance encore verrouillés ne sauraient mener les peuples qu'aux impasses et, donc, aux multiples dégradations morales : l'ignorance et la clochardisation, d'une grande partie de la population notamment la jeunesse, menant par essence au culte de la personnalité et, donc, aux comportements immatures et fatalistes voire figées attendant des forces surnaturelles qu'elles fassent des miracles. C'est le lot des peuples qui se laissent mystifiés.

Il serait utile de rappeler que les régimes dictatoriaux, du siècle passé, étaient puissamment aidés par des nombreux dispositifs sécuritaires, a l'image de l'ex Securitate (Roumanie), se transformants en groupe de criminels aplatissant les peuples aspirant a la Liberté et la Démocratie Actuellement, quelques régimes du monde arabe dont celui Syrien représentant le dernier satellite de la Russie, dans la région, comme Israël, entre autres, en est un a moindre degré pour les USA

Effectivement, Israël n'est sous la coupe de quiconque car il a les moyens et les outils de sa politique, dont la Démocratie, afin qu'il puisse jouer ce rôle sans parrainage. Par contre, le régime syrien n'a que la Dictature à offrir à ses parrains. En plus, les gouvernants israéliens partent et reviennent renforcer davantage la cohésion du peuple juif ; par contre, les dictateurs, de quelques pays arabes, divisent et anéantissent les peuples avant de partir et ne reviennent jamais !

A propos de la Syrie, ce 15 mars est l'anniversaire de l'an 1, de la révolution syrienne, dont une partie (la plus démunie) du peuple syrien va le passer dans la douleur et les appels au secours. Ainsi va le Monde. Cruel ! Malgré tout, certains peuples, particulièrement maghrébins, vivent à l'air du renouveau et découvrent, à l'image d'un bébé qui fait ses premiers pas titubant dans la vie, les vertiges et les vertus de la Liberté et la Démocratie difficilement accessibles. Certes, ce n'est pas une sinécure d'appliquer de nouvelles méthodes de gouvernance, notamment après une révolution, à la place des anciennes truffées de mauvaises intentions et réflexes archaïques dont la partition tribale.

A ce propos, la Libye est confrontée, ces derniers temps, au défi de la partition de la région Est du pays riche en hydrocarbures. Il n'est pas exclu que les initiateurs, de cette partition d'une partie du territoire de la Libye, ont des motivations liées à la répartition non équitable, comme cela a été le cas avant la révolution, de la richesse du sous-sol notamment les hydrocarbures objet des convoitises régionales et internationales. Le peuple libyen, dans toutes ses composantes, serait assez vigilant pour ne pas retomber dans la partition contre-productive d'hier. Entre-temps, des sérieuses menaces pèsent sur la Libye et, subséquemment, les pays limitrophes. Il s'agit de la maîtrise des mouvements de la population saharienne dans ces immensités territoriales ou les frontières n'ont aucun sens.

A ce sujet, dans plusieurs de nos articles, publiés par le Quotidien d'Oran depuis le mois de février 2007 notamment celui intitulé « notes sur le désert et la désertification », nous avons mis en exergue les vertus de la régionalisation judicieusement autonomisée et mieux rattachée aux institutions centrales. Il a été mis l'accent sur les multiples infiltrations frontalières, de l'extrême sud saharien, aujourd'hui difficilement contrôlables puisque quelques pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, sont dans un état de déliquescence voire d'ébullition aux futures explosions a retardement.

Historiquement l'Algérie a subi durant la période coloniale des tentatives de séparatisme afin que le système colonial puisse régner sans partage. Cela a duré plus de 130 ans. Mis à part quelques révoltes sporadiques rapidement étouffées, la colonisation s'est ancrée, de gré ou de force, dans les habitudes comportementales du pays livré aux multiples frustrations. Cela est causé par le manque des liaisons, en termes de séparation des populations, entre l'est, le centre, l'ouest et le sud du pays.

Ajouter à cela, la division entre gens de la ville et les tribus nomades, Cheraga et Ghraba, shab el médina (citadins) shab bara (ruraux), etc. Avec le temps, et paradoxalement que cela puisse paraître, c'est cet antagonisme qui a stimulé et renforcer progressivement le lien social menant à la prise de conscience du peuple algérien enfin ressuscité, après le 8 mai 1945 ainsi que le 1er Novembre 1954, de Maghniyya à Tarf et de Tamanrasset a Tizi-ouzou.

Après le congrès de la Soummam, le colonel Bigeard avait dit à son supérieur, rapporté dans le film « la bataille d'Alger », nous avons gagné la guerre des villes mais pas celle des djebels. Après les opérations de ratissages des Djebels, à partir de 1958, c'est justement à Alger et les grandes villes algériennes, voire Paris (l'ironie de l'histoire), que les batailles définitives ont eu lieu, exprimées en manifestations populaires pour la liberté et l'indépendance.

Il serait édifiant de se souvenir de quelques faits et propos de cette époque. Après le 19 mars 1962, des « combattants » de la dernière minute, appelés des services militaires français, supplétifs et transfuges reconvertis, Wilayawisme, etc. Un ensemble de partitions, qui ont pris les devants de la scène nationale dés les premiers mois de l'indépendance Ces agissements opportunistes ont provoqué la partition morale au sein du peuple algérien se retrouvant ainsi au milieu du combat entre transfuges et déçus

Un ancien militant de la cause nationale, actuellement souffrant chez-lui, a désigné ces arrivistes, ci-dessus décrits, semblables à des faux tableaux exposés dans une galerie d'art d'où il serait difficile pour les profanes de pouvoir distinguer les vrais. Allant dans le même sens, il serait utile de noter cette réflexion, de la part d'un vétéran de la cause nationale, lequel n'est plus de ce monde, qui stipulait : la révolution du peuple algérien était comme un éléphant avec une tété d'épingle. C'était pendant la crise de l'été 1962.

De nos jours, les adhérents des partis politiques se repartissent en anciens et nouveaux partisans; se présentent aux élections en rangs dispersés, redresseurs et redressés, (une autre ironie de l'Histoire) ; se clochardisent ; se divisent entre islamistes dits modérés (provisoirement) et immodérés nostalgiques des années 1990 ; nomadisent d'un parti politique à un autre et d'une région a une autre ; des soi-disant élus qui s'aigrissent et se transforment en opposants farouches après avoir siégé et jouer une partition a main levée. etc. En somme, beaucoup d'argent dans un charivari d'enfants gâtés. Quel gâchis !

Au vu de ce qui se passe dans le monde, les dangers nous guettent d'autant plus que chaque jour qui passe, les problèmes s'entassent et des nouveaux apparaissent. Les reformes politiques en cours pourraient constituer une voie de salut pour le pays. A plus forte raison qu'il y a des membres du gouvernement affirmant, à maintes occasions, que les clignotants sont au vert en termes d'importants dépôts financiers externes et des multiples investissements internes. Logiquement, personne ne pourra dire plus tard qu'il n'était pas au courant ; n'avait pas le temps nécessaire de s'y intéresser ; où qu'il était impuissant de parler et d'agir?etc. Personne !