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Casher ce halal que je ne saurais bouffer

par Remmas Baghdad*

Au marché de la campagne électorale des présidentielles françaises, on vend de tout à la criée : de la viande halal ou casher, en passant par la civilisation de premier choix ou la burqua fraîchement cueillie.

Les identités de saison «électorales» sont déjà sur les étals. La mercuriale est à son niveau le plus bas. L'embarras du choix: quoi de mieux qu'une

Marin(e) ade pour parfumer votre viande Halal ou Casher. C'est à qui saura offrir les plus bas tarifs stigmatisants. Il suffit de savoir flâner le bon Fil(l)on. On s'étripe pour vendre une bonne portion de haine afin de renflouer sa bourse partisane. C'est à qui saurait achalander le mieux «la racaille» et sa bidoche halal. On se rabat sur les abattoirs pour abattre sa dernière carte, afin de donner de la voix et des voix à son registre électoraliste raciste et xénophobe. A pas de G(u)éant les bouchers de la Droite et du Front lepéniste se disputent le bifteck «made in halal» ou le steak «Code casher» des Français.

Désormais il faut s'investir dans le décryptage de l'origine de la viande minée de son assiette. Halal ou Casher sont deux redoutables virus contaminants qui convertiront les tripes du consommateur français à la première bouchée. Il faudra avertir le médecin de famille dés les premières démangeaisons qui feront d'habitude leur apparition un vendredi ou un samedi. Ces symptômes se manifesteront sous forme d'envie de dresser un tapis au sol et s'y prosterner, de se voiler la face à la première occas, ou de porter une Kipa. Avertir d'urgence l'équipe de médecins secouristes UMPFN renommée dans le traitement de ce type de virus Ben-Merguez fortement handicapant dont les conséquences peuvent conduire à des comportements de civilisé inférieur, de responsable d'une grande partie de l'échec scolaire et surtout la cause de la perte du triple A.

Aujourd'hui, pour aspirer à être un bon président, il faudra être un bon charcutier qui encouragerait la discrimination positive en commençant d'abord par chasser sur le terrain de la discrimination négative afin de juguler les courts-circuits lepénistes qui de temps à autre, menacent le cours de la bourse des valeurs «républicaines» de sa Droite. Respecter surtout les prescriptions suivantes: stigmatiser l'autre couleur, l'autre religion. Organiser des assises sur l'identité des autres. Interdire le voile pour prendre les voiles dans les sondages, éviter d'aménager un lieu de culte pour une communauté bien précise. Sonner l'hallali au halal et lancer le haro sur le port du burqua. Tels sont les points qui peuvent faire glaner des points dans l'exercice de ses fonctions de chef d'état.

A ce rythme de rejet de l'autre il ne faudra pas s'effrayer demain sur une autre escalade porteuse de slogan de type : «Pas de carême, ni salem» ou «l'apéritif est obligatoire dans les lieux de restauration pour tout basané ». A vrai dire il ne faudra plus s'en étonner. Les voix de la dissonance se font entendre crescendo en paralléle avec le compte à rebours du scrutin. Et cette Douce France connue pour la terre de toutes les libertés et des droits humains commence à s'embourber dans la gadoue du rejet de l'Autre et de sa stigmatisation. Le pays de Voltaire, de Rousseau et de Flaubert ne respire plus l'air de l'égalité, de la tolérance et de l'exubérance.

*Universitaire.