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Il n'y a point de contrainte en religion

par Farouk Zahi

Au détour d'un zapping, une quelconque chaine satellitaire égyptienne présentait une émission apparemment artistique animée par Moataz Damardache, un acteur de deuxième zone. Il recevait ce jour-là, une belle et jeune comédienne nommée Bochra.

La curiosité aidant, on se surprend à suivre un débat auquel on est, irrésistiblement, convié. La starlette, blonde plus est, a de quoi faire taire de nombreux politicards nationaux. Parti d'une simple question et qui était la suivante : Qu'elle est la situation artistique de Bouchra dans l'Egypte nouvelle ?, la comédienne s'en est allée dans un plaidoyer en faveur de son pays que peu de leaders politiques sauraient développer avec une aussi grande aisance.

- Il y a des hauts et des bas, mais l'essentiel c'est que l'Egypte se porte bien.

- La mouvance islamique qui vient d'investir le champ politique ne vous fait-elle pas peur ?

- Non pas du tout?celle que nous connaissons est là déjà depuis quatre vingt ans déjà ( les Frères musulmans) et ils s'accommoderont bien avec la société post révolutionnaire.

- A l'approche du Ramadhan, ne pensez-vous pas que le petit écran, ne passera que des feuilletons religieux?

- Ecoutez, j'ai appris, tout enfant, par mon maître de langue arabe, ceci : «Point de contrainte en religion !»? Le peuple égyptien, surtout le petit peuple, n'admettra jamais qu'on le prive d'un divertissement (télévision) qui fait sa vie de tous les jours pour un coût aussi modique. La seule dépense qu'il consentira, sera celle de la consommation électrique.

Cette détermination dans le propos, laisse rêveur. Sont-ils en avance sur nous ou sommes-nous encore empêtrés dans notre gluant archaïsme Les faméliques débats télévisés qui nous sont dispensés relèvent d'un autre âge, comme si Octobre n'a jamais existé ou que le mur de Berlin est toujours d'aplomb. Les leaders politiques qui se qualifient comme tels, pensent qu'en jetant l'anathème sur l'ordre établi, fédéreront des voix en leur faveur. Personne n'est dupe de ces promesses sans lendemain. Tout le monde sait et depuis le début de la législature qui s'est achevée, que les tenants et les aboutissants de cette fébrilité électorale ne sont que d'ordre matériel. La conviction a été, définitivement, établie dès lors que la rétribution des élus nationaux a atteint des cimes inégalées quand le SNMG plafonnait à 15.000 DA.

Notre n'arrivons pas encore à nous départir de cette image que nous renvoie notre quotidien des nababs locaux, détenteurs de pouvoir exorbitants mais, heureusement, précaires. Nous n'arrivons pas à nous convaincre, que le monde est pris dans un tourbillon où les plus faibles sont conduits, inexorablement, vers l'extinction et souvent avec leur tacite consentement. Hier c'était le Soudan et son sud, aujourd'hui c'est la Libye et sa Cyrénaïque? demain ce sera, probablement, la Syrie ou? a Dieu ne plaise notre pays. Et pourquoi pas ? La Commission nationale de surveillance des élections semble déjà se plaindre du manque de moyens logistiques?dont, notamment, la rémunération. Ah ! Ce nerf de la guerre? qui fait courir même les septuagénaires.

Quant à notre mouvance islamique ou plutôt islamiste, à une ou deux exceptions, elle semble renaître de ses cendres, au propre et au figuré. Elle compte construire une société?édifiée sur le modèle économique du marché du bazar. Il est quand même singulier ce marché qui ne concerne que les plaisirs gustatifs, olfactifs (aromates- essences) et lingerie? féminine. Les mauvaises langues diraient : le plaisir des sens. Les démocrates, rendus suspects par une école prise en otage, sont peu ou prou décentrés par rapport au reste des foules qui font le véritable habitacle électoral. Ils semblent encore croire que ces mêmes foules sont en quête de liberté citoyenne. Libertaires (anarchiques), dirions-nous, elles sont à la recherche du seul bien être social et économique. Le modèle de société des pays du Golfe fait de plus en plus d'adeptes parmi nos concitoyens. Lustre des belles résidences, rutilance des voitures, enfance scolarisée à l'étranger, épouses et filles «multazimates», fréquents voyages aux Lieux Saints de l'Islam. Sincère dévotion ou tartufferie ? Seuls, Dieu et les initiés le savent. Les conservateurs dont le fonds de commerce patriotique a été inconsidérément consommé, ne pourront plus résister à l'injure du temps.