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Humiliez-nous, il en restera toujours quelque chose !

par Farouk Zahi

Décidément, les services de notre auguste société nationale ayant en charge la distribution de l'électricité et du gaz, ne semblent pas avoir retenu les tragiques événements de Ouled Djellal de l'an dernier, quand la population, excédée par le peu de cas qu'on faisait d'elle, passait sur le gril, au propre et au figuré, la représentation locale de l'entreprise.

En fait, ce n'est pas tant l'attente qui fait perdre patience, mais la désinvolture avec laquelle des agents prestataires de peu d'éducation, humilient sans recours une clientèle livrée à leur bon vouloir. Usant et abusant d'un pouvoir, presque sans limite, ils font payer à l'usager les inconséquences d'une administration fossilisée par son lustre d'entant. L'individu, se surprend parfois, à rendre grâce à son Créateur pour ne pas avoir dépendu de bipèdes pour sa ration vitale d'oxygène, sinon et à Dieu ne plaise, il y aurait longtemps qu'il ne ferait plus partie de ce monde.

Un rappel des faits est, nécessairement utile pour éclairer la lanterne, heureusement que celle-ci est traditionnellement alimentée par de l'huile ou du pétrole, des responsables qui opposent à notre vindicte, moult raisons pour avouer enfin que leur plan de charge est démoniaque, et compte tenu des moyens limités dont ils disposent, ils ne peuvent répondre à tous les appels. On appelle çà : constat d'échec. Dans ce cas, on s'améliore ou on démissionne ; faut-il aussi que l'on ait le courage nécessaire pour vaincre cet égo qui prend à la gorge. Que nenni ! On est encore là et «Dieu est grand !» selon l'usage qui mite cette société humaine qui s'autoflagelle par l'humiliation. Un résident des «134 logements LSP» situés à Oued Merzoug sur les hauteurs de Tipaza, pensait benoîtement qu'il passera l'hiver au chaud le jour où il rencontra, par hasard, l'équipe de Sonelgaz affairée à installer un détenteur de gaz au bas de son immeuble. La palabre s'engagea, comme de coutume, pour aboutir enfin à un préaccord d'installation du précieux produit dès la finalisation des réservations de sécurité. La dernière quittance en main, l'équipe quittait les lieux. Le vieux retraité, croyant avoir décroché la timbale, fit dès le lendemain appel à un ouvrier qualifié pour le travail demandé. Se présentant dans les 24 quatre heures à l'agence locale, il croisait l'un des membres de l'équipe technique qui se fit le devoir de lui demander son numéro de téléphone de le rassurer sur l'imminent passage de cette même équipe.

Le client non échaudé encore, partait le cœur léger et l'âme tranquille devant une telle sollicitude. L'attente de plus d'un mois, excessivement longue, l'obligea à repasser à l'agence où il fut reçu par une aimable jeune femme qui prit la peine de compulser le registre des commandes. Point de rendez-vous, encore moins de commande de prestations. Il apprend, cependant que le relevé réel d'électricité, n'a jamais été effectué et ce depuis l'affectation des logements en août 2010. Dans l'entretemps, le temps mouillé et froid investissait aussi bien les cages d'escaliers, ouvertes aux quatre vents et sans entretien que les appartements réfrigérés par le froid majoré par les bouches d'aération édictées par les mesures de sécurité de l'entreprise. La pénalisation est doublement infligée par l'absence de gaz d'une part et la consommation excessive d'énergie par l'utilisation d'appareils de chauffage électriques d'autre part. Il est vrai que celui qui ne subit pas les affres des aléas climatiques de l'hiver et de l'été, ne peut apprécier à la juste mesure le tord qu'il fait à ceux qu'il est censé servir. Mais, faut-il avoir cette culture de l'empathie pour pouvoir penser à l'autre. Faisant contre mauvaise fortune, bon cœur le quémandeur attendait le coup de fil annonciateur de meilleurs jours. Il le reçu effectivement, un matin du 17 janvier de l'an de grâce 2012.

-«Allo?Mr B. ? ici c'est Sonelgaz?peut-on trouver quelqu'un chez vous ce matin pour votre raccordement au gaz ?».

- «Bien évidemment madame ! Je les attends moi-même».

Le vieux qui s'apprêtait ce jour là, à faire des courses jugées importantes plaqua tout et se frotta les mains. Son esprit gambadait déjà pour installer rapidement son chauffage à gaz. Jusqu'à midi, il ne désespéra pas pensant que les maîtres d'œuvre avaient encore la main à la pâte quelque part. Tel un navire en perdition, le numéro par lequel fut véhiculé l'appel du matin, demeurait étrangement muet. L'espoir ténu, fut quand même nourri jusqu'aux environ de 15 heures?au-delà, c'est la déprime rageuse.

La bonne femme quittait Alger pour se rendre dans une Daïra, quelque part dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj à 250 kilomètres de sa masure. Elle comptait déposer un dossier pour l'octroi d'un logement rural dans «son douar d'origine». Elle avait appris que les pouvoirs publics encourageaient le retour aux sources rurales. Forte de cette conviction, elle croyait que toutes les portes s'ouvriraient à l'annonce de son arrivée. C'était, malheureusement, compter sans les nouveaux «caids» installés dans leurs citadelles bunkerisées. Après une longue et vaine attente, on lui annonce que ni le Chef, ni le Secrétaire général, ne recevront personne en ce jour, pourtant déclaré de réception. Peut-on plus tard, dissuader cette dame de garder son calme et de ne pas aller sur une quelconque barricade ? Le youyou féminin fait, désormais partie, du tintamarre bruyant des émeutes sociales. A quand la pacification par le simple respect, de la dignité humaine ?