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Le profil tensionnel

par El Yazid Dib

De la médecine à la politique la terminologie est parfois identique. Les mots peuvent avoir le même sens. La différence est cependant question de vie ou de mort.

Sur une table d'auscultation, entouré en urgence aux urgences publiques, par un panel disqualifié , le pauvre chroniqueur mettant son bras dans un sas gonflable à satiété, a vu surgir de leur orbite les yeux écarquillés du jeune médecin manœuvrant la petite poire tenue en sa main lorsqu'il annonça sérieusement «21/14 !» .c'est le niveau atteint me dit-on par la tension artérielle qui agite les populations installées en mes veines. A ce furieux rythme c'est le génocide de tous les globules. Ce sphygmomanomètre ou communément tensiomètre comme un Dieu, est semble-t-il capable de vous dire quand vous mourrez. Si jamais? là j'ai entendu dire qu'il fallait procéder à tracer un profil tensionnel. Je ne pensais qu'a ma prochaine chronique. Dans cet hôpital les termes profil et tension ont une définition qui tend vers la connaissance de la physionomie du mouvement artériel. La tension ainsi est un vif bouleversement dans le fonctionnement normal de quelque chose. Un rapport très tendu entre les divers acteurs de la société civile ou sanguine.

Ainsi ce rapport à mettre en évidence dans le domaine politique s'avérerait aussi très tendu. La tension a gagné pas mal de corps et d'organes. De l'hyper tension nationale qui cogite depuis longtemps dans les champs lipidiques on aurait vu l'émeute du sucre. Ce produit rapide a vite fait monter la pression dans la rue et les boulevards de l'être sans défenses. Jusqu'aux fins fonds de ses artères. Le régime adéquat à faire administrer à ces citoyens glycémiques réside essentiellement selon l'avis autorisé dans la privation à jamais de tous les sucres rapides ou lents. Assorti d'une nourriture quotidienne dessalée, soit d'une mauvaise ambiance, d'insipides discours et de fades services, le régime pour se maintenir fait appel à tous les ingrédients utiles a la stabilité de la pression. Veineuse, artérielle, sociale et politique. Mieux il doit rechercher un agent hypotenseur agréable qui puisse faire en compagnie d'autres éléments un excellent travail dans la chute des enzymes houleux qui surchauffent les carotides et les voies d'une ville. La hargne hypotenseuse qui existe chez Bensalah va devoir prouver sa résistance devant la défense immunitaire et sans failles des caillots de sang et de sueurs moribondes.

Ghozali à être reçu par Bensalah avait demandé d'emblée «de faire un diagnostic de la situation» il faudrait à son sens passer sous scanner le pays. Enfin sa situation. La thérapie, la bonne commencerait d'abord par faire ces analyses biochimiques sans lesquelles la situation ne connaitra pas de substantielle amélioration. Ces examens médico-sociaux provenant d'une feuille de résultats de discussion politique doivent englober tous les acteurs sans exclusive. Tous les dossiers. Les laboratoires, nonobstant l'identité parallèle des machines n'ont pas tous, pour une même demande, une même réponse. D'un bord à un autre le défilé «des personnalités nationales»

Plusieurs de ces vraies «icones nationales» n'ont pu hélas recevoir la sensation de l'utilité d'être grandement consulté. Enfin écouté, au moins. Feu Bachir Boumaza est parti en emportant dans son linceul une douloureuse fin de fonctions. Le quiproquo qui le faisait décamper du piédestal sénatorial en serait le motif. Ainsi plusieurs personnalités nationales en disgrâce circonstancielle avec la sainteté du pouvoir en place s'en vont, sans qu'il y ait eu en leur faveur une séance de réconciliation. Lamine Debaghine, un autre référent du nationalisme à l'instar d'autres figures emblématiques est parti lui aussi presque en?un inconnu. Que dire alors de Cherif Belkacem ? M'hamed Yazid ? Youcef Benkhedda ? Bachir Boumaza ? Point de commémoration à leur mémoire. Y a une honte, quelque part. Enfin d'autres figures encore en vie, vont peut être défiler le long des salles d'attente à coté d'El Mouradia. Ils diront tous que le traitement radical de la grande pathologie du pays réside dans une feuille de route démocratique. Apres évidemment l'édition de celle «des résultats»

La reforme de l'Etat commencerait par la reforme de la vision des critères de sélection et d'élimination. L'ossature de cet édifice n'est mise en relief que par l'existence de poutres et autant de piliers qui sont en finalité les cadres et le cortège subséquemment employé. En poste ou marginalisés, ils constituent toujours un stock d'approvisionnement pour le pouvoir ou au profit d'une opposition intellectuelle. Nonobstant son efficacité, elle ne peut à elle seule constituer une intelligentsia.

Ainsi de cette mésaventure il ressort du délire fait par le serviteur de ces lignes, que le pays aussi a besoin que l'on lui trace une fois pour toute, son profil tensionnel. Ceci parait-il est fait pour éluder toute compromission du doute et de l'incertitude. Une crise de sucre n'est sans doute pas une glycosylée importante et avérée. Il faudrait se référer à d'autres paramètres d'évaluation. Le pays pourrait souffrir justement de cette carence à constater dans la mauvaise circulation. Dans le fait aussi que certains canaux d'acheminement se trouvent à des endroits totalement obstrués ou se dorent au fur et à mesure de quelques carapaces de graisse cholestérolable. Le cœur, le pouvoir central le plus conséquent aurait du mal à pousser et crapahuter pour toujours à avoir une sainte vision des choses. Le pouls politique est dans les veines et veinules de la société. Trop de garrot fait briser le vaisseau. La tension monte, le sang gicle en vase clos, l'émeute intérieure, l'hôpital. L'ONU.

Pourvu que celle-ci se stabilise. «La joie de vivre» va certainement foutre le camp. Il faudrait l'imaginer autrement. Voilà que la stabilité institutionnelle et organique, de la nuque aux talons ira se fléchir sur l'ensemble corporel et répandra la quiétude Que Bensalah soit comme un cardiologue Dembri qui, surveillant le paysage tensionnel tente avec sourire de réduire ses mauvais effets.