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En route !

par Ali Brahimi

Initialement terme militaire, la feuille de route est devenue un agenda utilisé dans les relations diplomatiques des USA l'initiant aux pays «amis» incorporés dans la sphère de leurs intérêts Et, par conséquent, a ceux d'Israël.

Et, par extension, utilisé par les divers organismes Onusiens qui, a leur tour, l'ont inculqué aux cadres supérieurs, de certains pays en voie de développement, notamment ceux chargés des secteurs politico économiques stratégiques, tel que celui lié à la sécurité alimentaire, de santé, etc., et désirants a ce que leurs hauts dirigeants soient contentés et encensés y compris en indicateurs mensongers.

En fait, la désignation de la feuille de route est : «une autorisation de déplacement, délivrée à un soldat ou une troupe de soldats, qui indique l'itinéraire et les lieux d'hébergement ». Et, par extension, elle représenterait une ligne de conduite pour certains gouvernements bien inspirés notamment ceux sachant concilier pragmatisme militaire et rationalité démocratique dans le temps et l'espace. A l'image des républiques antiques de la Grèce, de Carthage et l'Italie romaine?.

Et actuellement, d'Israël, et la Turquie. Et tout récemment la Tunisie et l'Egypte?. Il serait utile de noter que tous ces pays, ci-dessus nommés, et tant d'autres, sont situés autour de Mare Nostrum. Et qu'ils ont su depuis les anciens temps à ce jour, non sans payer au pris fort a chaque fois qu'ils adoptent ce type de feuille de route, comment tempérer les passions et les humeurs entre les différentes élites.. , leurs rapports de forces et aspirations. Après des périodes d'éclipses

 L'Etat d'Israël, à titre de cas d'école dans le domaine militaro civil, utilise souvent dans leur stratégie politico sécuritaire ce terme ci-dessus défini et transformé en un autre ayant à peu prés le même sens : Agenda.. Après la mise a la retraite avant l'age de 50 ans, des officiers de l'Armée israélienne se retrouvent automatiquement récupérés dans les rouages du système de gouvernance bâti autour d'une démocratie toute particulière selon la culture plurimillénaire, du peuple d'Israël, adaptée aux temps actuels en celle parlementaire type Grande Bretagne, liée à son caractère existentiel dans un environnement perçu, par les planificateurs du futur Etat juif historique, comme contraignant et hostile. Une phobie propre au peuple élu. Et, en même temps, une justification de leur force et agressivité

Et, à partir de là, cet Etat se méfie de tout le monde et anticipe toute nouvelle situation menaçant la sécurité du peuple de Yahvé a la recherche, jamais assouvie puisque constamment déroutés, de sa terre promise (1) ainsi incrustée dans l'imaginaire collectif des extrémistes, notamment religieux, qui encouragent des juifs de par le monde est venir s'installer définitivement, ou a titre de touristes nostalgiques, dans des lieux déjà populeux. En revanche, des Israéliens tolérants, puisque décomplexés et heureux la ou ils vivent dans les quatre coins du Monde, n'ont jamais cessé d'aviser ledit Etat de changer son fusil d'épaule. Ils ont raison car toute la terre de Yahvé est promise au genre humain avant cette histoire des pharaons méchants et tortionnaires d'un coté, et le peuple juif se sentant constamment errant et privé d'espace vital - le complexe écologique des nazis - de l'autre coté.

La deuxième révolution post deuxième guerre mondiale, au pays des pharaons, triomphante est issue en grande partie d'un ensemble de frustrations dues aux multiples déclarations humiliantes de la part de hauts responsables du gouvernement israélien d'hier et d'aujourd'hui. A l'exemple de l'assurance arrogante affichée par Mme Tzipi Livni ex ministre israélienne des affaires étrangères qui avait annoncée fin 2008, à partir du Caire, l'imminence d'une attaque contre la population de Gaza côtoyant l'Egypte.

Au préalable, il y'a eu l'attaque du siège de l'OLP en Tunisie. Et tant d'autres agissements humiliants depuis 1947 Après toutes ces humiliations conjuguées au comportement des familles régnantes, les jeunes d'aujourd'hui sont entrain de reprendre le chemin que leurs prédécesseurs avaient perdus car déprimés par tant de scandales et de mœurs dégradants de haut niveau. Ainsi, le schéma décomplexant de la feuille de route s'est accéléré, au niveau du subconscient du peuple Egyptien, d'autant plus que les multiples mépris de la part du système de gouvernance en place, que ce soit en Egypte ou dans l'ensemble des pays arabes, se sont accentués abusivement. Malgré ces adversités, en tous genres, la jeunesse tunisienne puis Egyptienne, vendredi passé, ont éjecté des présidents sosies dictateurs.

 A ce propos, d'autres dictatoriaux jumeaux, en plusieurs traits de gouvernance arrogante, sauf que l'un se considère comme « riche » en ressources humaines et naturelles, mais pauvre en imagination démocratique, et l'autre pauvre en ressources naturelles mais riche en volonté, certes tribalisée, démocratique. Cependant, tous les deux sont en train de se diriger dans la même voie, qu'ont pris la Tunisie et l'Egypte, et qu'ils seraient sans doute du lot des révolutionnaires démocrates dans les toutes prochaines années. L'Histoire est ainsi faite. Surprenante !

 Ainsi, de nouvelles générations puissamment informées, motivées et mobilisées autour d'objectifs clairs y compris dans les domaines, économiques et socioculturels, etc., sont en train de montrer le chemin, certes tortueux, que les élites politiques arabes, du golfe à l'Atlantique, devraient entreprendre en masses ou alors disparaîtrent du circuit. En effet, seule la Démocratie obtenue, dans le cadre de la libre pensée et la non-accointance avec ce qui est contraire à ses principes et ce, par la multiplication des efforts persévérant des élites politiques et économiques sincères lesquelles garantiront l'essor, en terme d'avantages individuels, et le progrès pour l'ensemble des composantes de la société. En effet, la route menant vers le pouvoir démocratique exige de l'abnégation car elle passe nécessairement par les défiles escarpés

L'actualité de la semaine, reste dominée par les récents évènements intervenus en Tunisie et l'Egypte. Leurs révolutions respectives les ont, indéniablement, propulsé dans un autre monde féerique. Les adeptes des trois religions, ainsi que toutes les obédiences et sensibilités politiques qu'elles soient nationalistes nassériens, progressistes, capitalistes, socialistes, libéraux, communistes, trotskistes?, toutes chantent et dansent ensemble dans la concorde. La merveilleuse Tunisie et la flamboyante Egypte, sont en train d'éclairer les chemins, menant aux pacifiques révolutions démocratiques, notamment pour les pays arabes vivotant dans la pénombre car hésitants d'emprunter les sentiers lumineux, certes escarpés, de la Démocratie qui, également, n'est pas a la portée de n'importe qu'elle société d'autant plus si celle-ci n'est pas désireuse de s'émanciper.

Cependant, il serait pertinent de noter que les dictatures, désormais chancelantes au Maghreb et Machrak, encouragent sans qu'ils se rendent compte, ou malgré leur volonté, les jeunes élites arabes à s'engager et progresser, inébranlablement, dans les multiples voies les menant inéluctablement vers l'information enrichie et la communication instantanée et ce, grâce aux nouvelles technologies en la matière devenue effectivement leur plat de résistance en terme de nourriture intellectualisée car défoulant.

Les tentatives de les dérouter, de les cloîtrer dans le triptyque absurde : boulot précaire dans des locaux tape-à-l'œil puis faire dodo sans rêver, ne polarisent nullement la majorité de la jeunesse aux multiples besoins liés a leur avenir. En attendant, ils rêvent auprès d'Internet leur montrant des féeries en tous genres et, par inhibition, haïssent terriblement leur habituel train de vie et le comportement méprisant de dirigeants politiques considérés, a tort où a raison, comme les chapardeurs de leur rêve pour une existence meilleure.

Ainsi, et à l'évidence, ils sollicitent impérieusement voire pathétiquement d'être considérés en tant que responsables et non comme des objets enjolivés médiatiquement pour impressionner, vainement, ceux qui ont la véritable feuille de route du pays. En terme d'indicateurs réels !

Note

1. En vérité, les Israéliens utilisaient déjà, sous d'autres formes, ce terme et ses déclinaisons selon les différentes périodes de leur histoire mouvementée notamment au cours de leur long exode, après leur libération du joug pharaonique, chargé d'épreuves et de déroutes vers la terre promise. Après la nuit d'adoration du veau d'or, ils ont suivi Aaron, frère du prophète Moise né auprès de la famille du pharaon, une autre feuille de route les menant vers le Jourdain remplaçant, dans leur imaginaire collectif, le majestueux Nil aux crues ocrées. Depuis, dans le subconscient des juifs, la terre promise est située partout, ? et nulle part !