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Chapitre IV de la Constitution

par Abdou B.

«La conviction est la volonté humaine arrivée à sa plus grande puissance» Balzac

La grande sieste annuelle d'un mois se termine bientôt au grand dam des commerçants, d'un grand nombre de fonctionnaires qui ont lézardé, bénéficiant d'une fin de semaine moitié algérienne, moitié universelle et 100% bourrée d'incohérences porteuses de pertes sèches et de repères moitié-moitié. La grande sieste nationale de trente jours va se terminer bientôt, après avoir permis de peaufiner l'art de faire les choses moitié-moitié. Encore une fois, une fois de plus, une fois de trop, le ramadhan, à son jeûne défendant, a permis l'implication de la police dans la chasse à ceux qui ne le font pas. Au mépris des lois et surtout de la Constitution, il est arrivé que la justice et la police soient embrigadées pour obliger des gens à la pratique religieuse qu'ils ne veulent pas. En fonction du respect de la Constitution, il y a des questions que les gouvernants, tous les partis, les élites, la société civile, les défenseurs des droits de l'homme et des libertés doivent dire haut et fort, chaque jour leur point de vue. Quel qu'il soit. Est-il possible à un Algérien de ne pas jeûner, de ne pratiquer, en son âme et conscience, aucune religion, tout en respectant les autres citoyens quelles que soient leur croyance, leur intime conviction? Les problématiques développées par des «us et coutumes» officiels, le sommet du clergé algérien, le fait que la police et la justice perdent âme, crédibilité et l'estime à l'intérieur et à l'extérieur, tournent régulièrement autour du respect ou du viol de la Constitution. Cette dernière, dans son chapitre IV, bafoué régulièrement par la police et la justice à travers des poussées d'intolérance et de religiosité indignes, est pourtant claire quant aux droits et libertés des citoyens qui ne sont pas obligés d'être de parfaits croyants et/ou pratiquants. Alors comment avancer et dépasser définitivement une valse hésitation qui perturbe toute la société? Il suffit que la majorité au Parlement exprime, dans un premier cas de figure, sa défense ferme et le respect du chapitre IV de la Constitution contre toute atteinte. Cette même majorité, dans un autre cas de figure, propose et vote des amendements à la loi suprême qui autorise l'enrôlement de la police et la justice. Devenues en règle avec la Constitution, les deux institutions auront la légalité pour chasser et juger les musulmans qui ne pratiquent pas à 100% la religion, qui manquent une prière, les chrétiens, les juifs, les athées, les bouddhistes puisque le pluralisme religieux n'aura pas droit de cité en Algérie. Les Algériens, les ONG, le monde extérieur sauront ainsi dans la transparence ce qui est interdit par la Constitution et sortir enfin d'un moitié-moitié qui ne satisfait personne et place la police et la justice en porte-à-faux devant un «mangeur de ramadhan», un baiser ou une caresse hors mariage. Et toute la planète saura pourquoi l'Algérie ne sera jamais un pays touristique puisque durant un mois, le musulman, le chrétien, le juif, le laïque et l'athée ne trouveront nulle part, toute la journée où se désaltérer, manger ou se soulager dans des toilettes aux normes exigées dans tout le bassin méditerranéen.

 Mais comme c'est le pays des paradoxes, M. Ouyahia a pris une décision courageuse, démocratique à même de valoriser un peu l'image du pays. Une décision importante qui a été cependant peu commentée dans la presse, peu saluée par les ONG et ligues des droits de l'homme en Algérie. Une décision qui n'a pas été soutenue et vulgarisée par les appareils de la majorité au gouvernement et encore moins par les défenseurs étatiques des droits de l'homme, de la femme, des enfants, des minorités religieuses etc. Le Premier ministre a autorisé les ONG internationales à travailler le plus normalement du monde en Algérie. Comme elles le font dans les plus grandes démocraties de la planète. Un pas d'importance a été franchi, à saluer par tous ceux, où qu'ils se trouvent dans le spectre politique, qui ont à cœur la défense déterminée du chapitre IV de la Constitution du pays.

 Cette nouvelle donne va sûrement avoir des répercussions positives sur la gouvernance, les élites parfois trop souvent timorées et peu citoyennes, la société civile, les syndicats, les associations, le fonctionnement de la justice? Elle pourra aussi permettre de mieux cerner et mieux dénoncer la barbarie terroriste et de mieux favoriser, par le débat, les arguments, la raison, les solutions relatives aux familles des disparus envers lesquelles l'appel à la répression policière est le moins indiqué et qu'il faut éliminer du traitement des douleurs humaines et des deuils qu'il faut faire dans le respect de tous et dans la dignité.

Si la grande sieste nationale n'aura pratiquement rien apporté comme par le passé, n'aura apporté aucun progrès dans le fonctionnement des services publics, des administrations, des ministères, elle se terminera néanmoins bientôt. On peut espérer, cela ne coûte rien, que des walis, des ministres auront lu l'article de M. Yahia Belhadj Meziane publié dans le quotidien Liberté du 21 août dernier.

Ces responsables qui ne manquent sûrement pas de courage vont faire arracher les clous et ralentisseurs non conformes aux règlements à l'étranger et en Algérie, mauvais pour les véhicules et dangereux pour la circulation. A moins que ces étranges spécificités soient là pour instituer dans la durée des marchés de gré à gré comme l'a été la ligne bleue.