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Banco ?

par Ali Brahimi

Depuis le début des années deux mille, le gouvernement dispose d'une aisance financière laquelle, apparemment, est en train d'asseoir les principaux équilibres liés au développement économique et social du pays.

Cette embellie pétrofinanciére avait permis, également, au gouvernement en place depuis plus d'une décennie, de rembourser pratiquement toutes les dettes contractées auprès des clubs financiers internationaux , durant les précédentes décennies chargées de multiples aléas, internes et externes, dont nous subissons relativement, à ce jour, leurs répercussions.

 Parmi ces dernières, nous notons, actuellement, toutes sortes de soubresauts de criminalités causées par un ensemble de facteurs psychosociaux, au plan national, ainsi que les injustices et les agressions de la part d'Etats, a l'échelle internationale, basés sur le non droit et le mépris affiché vis-à-vis de l'ensemble des peuples du Monde notamment ceux démunis et usurpés de leur terre, richesse, droit d'exister, de s'exprimer, etc.

 Ainsi, grâce aux importantes recettes, inespérées voila à peine dix ans, au plan national, générées constamment par 98% de la rente issue de la seule exportation des hydrocarbures, celle-ci avait permis à notre pays, et l'autorise toujours avec tous les risques à effet boomerang, un va-tout en terme de volontarisme politico-économique et, surtout, financier procréant de lourds investissements tous azimuts, dont une grande partie en dollars, jamais égalés par le passé. Cette explosion de pétrodollars, engrangés par les pays arabes notamment du golfe, coïncide curieusement avec celle démographique et migratoire des Israéliens, de par le monde, s'installant sur la terre promise à toutes les chauvines passions religieuses et aux défigurations imposées dans le passé et reconduites actuellement en différents aspects nostalgiques et non moins cocardiers.

Ce qui nous permet, sur un autre ordre d'actualité, de supposer que des pays, à l'exemple de la France justement, seraient intéressés voire courtiseraient relativement l'actuel système national de gouvernance lequel, pour sa part, le sait et met en avant, dans ce sens, ses conditions « capricieuses ». Vainement car, pour les passionnés coloniaux de la nouvelle vague générationnelle, il y a d'autres calculs liés à des intérêts actuels, d'ordre géopolitique et surtout économique, dépassant de loin ceux du miroir aux alouettes d'hier.

 En effet, les dernières turpitudes, observées lors du sommet Franco Afrique de Nice, confirment, si besoin est, le sort de ceux mettant en avant leur absurde desiderata car le tonus, de la France Sarkozienne, est ailleurs, souligne t-on, que dans le souci d'aider un Président africain d'être membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU ou, à défaut, le chouchouter à?blanc sans qu'il rechigne pour autant. Pour notre part, notre tonus, quant à lui, est intimement dépendant du mode de gouvernance actuel lié à nos propres possibilités de consolider, effectivement, nos bases de décollage socio-économique afin de s'éloigner définitivement de ce terrible jeu du chat et de la souris.

 A ce propos, plus de 280 Milliards de dollars sont mis, par le système national de gouvernance en place, sur le tapis au profit des grands projets en voie de réalisation, estimés à 130 milliards de dollars, ainsi que pour les nouveaux non moins gigantesques, inscrits dans le cadre du plan 2010/2014, aspirants à affermir les essors, d'après les visées des planificateurs, relatifs à l'ensemble des secteurs socioéconomiques d'une part et, d'autre part, à ceux liés au domaine politico-culturel en terme d'alternance, dans la même teneur adulatrice au maître du moment, des rênes du pouvoir selon les visées planifiées par son noyau déterminant affairé intensément, pour la réalisation de ces objectifs, et siégeant au plus prés de ses coulisses.

 Celui-ci - ledit noyau - se profilant à l'horizon, semble s y intéresser de plus en plus, pour le motif qu'il hérite d'une situation, soi-disant, au top niveau ces derniers temps et, donc, qu'il est temps pour lui, ambitionne-t-il, de lancer le même type d'amarres comme précédemment. Ainsi, c'est un banco décisif, à plus d'un titre, s'inscrivant en droit fil dans le cadre des acquis engrangés et des enjeux politiques à venir cristallisés autour de l'ex parti unique et ses traditionnels appendices ainsi que d'autres, de nature politico-rentiére, activement mises à jour tout récemment.

 En quelque sorte, une association à ciel ouvert de la politique et des affaires sous l'égide d'un seul Front. Le tout, pour le seul intérêt clientéliste groupusculaire désormais obnubilé par le seul pouvoir politique générateur d'autres tout autant incommensurables. Finalement, c'est bel et bien un Banco d'ordre politique. A condition, toutefois, pour qu'il puisse rapporter la mise, que le niveau de la rente resterait stable et à l'écart d'autres? passionnés d'autres réalismes. Un cercle vicieux en terme de jeu à cache-cache.

 Cela dit, et au vu des espoirs suscités par ce programme quinquennal, tout laisse penser qu'il va y avoir, en principe, une intensification d'un élan jugé adéquat aux multiples besoins du présent et ceux d'avenir. Cependant, ce plan semble garder une circonspection malgré son volontarisme à tout va, au regard des fluctuations chroniques de l'économie mondiale d'une part et, des innombrables carences observées au plan local, sur les anormalités de gestion et d'application des précédents programmes d'un secteur à un autre et d'un territoire à l'autre, d'autre part, d'autant plus que ces anomalies sont reconnues et admises par bon nombre de personnes agissants au sein des administrations publiques et au plus haut niveau de l'Etat.

 Donc, malgré le semblant du parfait affiche, médiatiquement ronflant et statistiquement gonflant, il n'en demeure pas moins que des gens, animés par de bonnes intentions, ont presque perdu confiance sinon sciemment immobilisés malgré eux voire n'apercevant rien de renouveau en matière de bonne gouvernance des ressources financières jamais engrangées de par le passé souligne-t-on et, surtout, de leur gestion rigoureuse.

 A l'évidence, la Corruption vient en tête de leurs indicateurs à ce sujet. Et ce qui est dangereux, pour le moment imperceptible dans tous ses aspects, elle générerait à terme des luttes claniques d'une férocité terrible dépassant toutes les limites du bon sens. Le dernier « remaniement » ministériel serait le premier pas dans cette optique.

 A ce propos, le philosophe et économiste Karl Marx disait en substance : « Devant l'Argent, l'être humain devient faible et incontrôlable. A chacun selon son caractère et pour une somme de capital donné, il commence à mentir, puis devient voleur et même, qu'il est tenté en dernier lieu, de?tuer ». Fatidique processus chapardeur !

MANGE ET DONNE A MANGER AUX GENS

Des mots d'ordre, trop généreux en apparence mais, qu'en réalité, foncièrement destructeurs des vertus de l'honnêteté. Il n'en demeure pas moins que c'est un soi-disant dicton du terroir local désignant, anciennement, celui qui se permettrait de voler ce dont il à besoin pour se nourrir et, ensuite, de laisser les gens faire de même, et ce, sans tenir compte d'aucun scrupule.

 Depuis, il se transmet, le plus normalement du monde, d'une génération à une autre. En milliards sonnants et trébuchants. Un autre, non moins redoutable au plan des impacts ravageurs des vertus de la probité devenue, hélas, de la niaiserie ; raconte ce qui suit :

 Un jour, un ouvrier démuni travaillant dans un domaine autogéré avait volé quelques bottes de foin. Un autre gestionnaire d'une exploitation agricole à, quant à lui, détourné plusieurs millions de dinars. Alors, confondus et emprisonnés tous les deux, le juge prononce pour l'ouvrier un an de prison ferme, tandis que pour celui détournant le montant d'une partie de la vente d'une production agricole il s'en tire avec un non-lieu. Alors, le tâcheron éberlué demandât à son avocat de quel droit est issu ce jugement. L'avocat, placidement, lui répondit : « Mon cher client, crois-tu sérieusement qu'un juge mangerait du foin ? » Et tant d'autres filouteries devenues des lignes de conduite et même des blagues se transformant progressivement, au fil du temps, en devises dans tous les sens du terme. Et à tous les niveaux de la société et, notamment, dans le milieu des gens censés y faire régner la Loi. Aujourd'hui, ce cancer - car c'est ça dont il s'agit -, persévère de faire multiplier ses métastases de toutes natures et dépassent leur zone d'activité pour aller faire fructifier, leurs gains, dans les paradis fiscaux et forteresses bancaires se trouvant dans les cinq continents. Et ce, d'une manière ou d'une autre.

 Une autre logique, non moins redoutable, signifie que : puisque le « petit peuple » croit dur comme fer que tout type, hautement juché dans les rouages de l'Etat, est un voleur en puissance qu'il était précédemment ou qu'il est soupçonné actuellement d'avoir cette « qualité » ; alors si c'est comme ça, s'autosuggéré-t-il ledit individu, il ne reste qu'à se servir soi-même sans aucune hésitation ni limite. Et, surtout, de perdurer autant que possible au pouvoir, quitte à s'engouffrer dans la mystification et les incantations blasphématoires !

TOUT UN BOUCAN D'INCANTATIONS POUR UN BANCO DE DEFIS ET D'ENJEUX MAJEURS DECISIFS

En effet et à ne pas se méprendre, ce plan quinquennal, se chevauchant sur les précédents, est d'une importance capitale. Un va-tout en terme d'enjeu décisif (1). Il intervient après un ensemble de tumultes sur les prospectives et perspectives et, néanmoins, d'acquis considérables obtenus par les précédents dans leur ensemble. Comme, à l'évidence, pour la maçonnerie d'un mur.

 Ainsi, ces conquêtes ont été décrochées assurément à la suite d'efforts collectifs, que des laudateurs malintentionnés « assurent » qu'elles ont été générées, depuis peu de temps, par une seule personne, clan?, ayant une baguette magique ! Dernièrement, des ministres agréablement surpris de leur maintien ont, non seulement, encensé ceux/ou celui qui leur aurait permis de rester dans leur situation dorée, mais de le comparer presque à l'incomparable, et ce, pour la simple construction d'une route, d'un ensemble d'habitat, etc., de surcroît réalisés par des? Chinois, entre autres, aimants le dollar et les? « Chatteries » en chair et en os. Sur un autre plan d'actualité, liée aux chatteries obligées par défaut de mesures vigoureuses dépassant les égoïsmes « nationalistes », à l'encontre des malheurs que vivent les Palestiniens, des responsables de partis politiques à l'image de celui dit majoritaire chavirant à bras croisés dans l'incantation du genre : « un jour ou l'autre, l'Etat d'Israël répondra de ses actes actuels (2) »

 D'autres derviches, d'ici et d'ailleurs, n'hésitent nullement d'exploiter outrageusement, à des fins politiciennes, le récent événement dramatique du convoi de navires de la liberté accostant sur la bande de Gaza, et ce, afin d'apporter de l'aide humanitaire à un peuple étouffé par tant de compromissions, malheurs et d'abandons depuis des décennies. Et que ces actions conjoncturelles relancent, à chaque fois, l'arrogance d'un Etat sachant exploiter à outrance la culpabilisation des peuples, notamment européens, quant à leur position lors de la deuxième guerre mondiale. Avant cette dernière, il y'a eu la résurgence de l'Arabie Saoudite du léopard du désert personnifié a Ibn Saoud ; et d'Atatürk, le tigre d'Anatolie, père du Nationalisme turc Aujourd'hui, cela continue sous d'autres aspects animaliers. En Panarabisme et panislamisme rugissant. En effet, ces derniers temps, la Turquie est en train de mettre en avant le grand Banco en Palestine. Afin de rivaliser l'Egypte et l'Arabie Saoudite.

 Enfin, ce qui est révoltant, à plus d'un titre, c'est que des réactions promptes les plus significatives sont issues des Etats et des peuples en dehors de ceux des arabes se réveillant toujours en retard. Comme l'Histoire à horreur de ceux ne tenant pas compte de ses rendez-vous véloces, son verdict serait toujours lourd de conséquences. Imprévisibles dans la plupart des cas !!!

NOTES

1- Lors d'une réunion, des principaux cadres centraux du secteur de l'Agriculture, en présence du défunt Tayebi Larbi Ministre et membre du conseil de la révolution, organisée en septembre 1978 au niveau du centre de vulgarisation et des techniques pastorales de Ouled sidi Brahim à Boussaâda, l'ex Directeur de l'OFLA défendait, avec une passion particulière, les objectifs liés à sa mission. Le défunt Tayebi Larbi, estimé pour sa tempérance et sa sagesse, lui disait : « Rak tkamar, ouala rak tghamer ? » Tu es en train de faire un banco, ou alors tu fais une aventure ? Effectivement, le défunt Mimouna etait un grand joueur de Poker !

2- Un Ministre déchu de son poste, dans les années 1980, se confiait à son beau-frère lequel ne comprenait rien sur la nouvelle situation de son parent alité et tout en fièvre, se confiait ainsi : « Voila comment ils m'ont remercié après tant d'années de sacrifices pour l'intérêt du pays ». Alors, ne trouvant rien à dire pour le consoler de son amertume, le dit beau-frère lui répond : « Que le Seigneur provoque un tremblement de terre » ! Le souffrant capricieux, stupéfait de ce souhait, ne pouvait pas s'empêcher de pouffer.