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Ils savent !

par Ali Brahimi

Nous savons que, sous nos cieux, la pratique de la politique est bâtie autour de l'axe central du pouvoir représenté par une coalition de partis et d'intérêts s'interagissant et, le plus souvent, se neutralisent à l'avantage d'une personnalité sachant surnager au dessus de la mêlée.

A terme ce jeu politique malsain, voire machiavélique, pourrait aboutir à un cul-de-sac en terme de démotivation conjuguée à la perte de la confiance, pour la majorité des gouvernés, vis-à-vis de ce mode de gouvernance ainsi basé sur les desiderata des uns sous subordination permanente, d'une part, et l'exclusion de toutes les voix discordantes à celle du maître du moment, d'autre part. Une alchimie alambiquée et des plus détonante !

 A ce sujet, la récente Histoire mouvementée du pays l'a maintes fois fait savoir, aux dépens de toutes les strates sociales confondues, à nos dirigeants qui sont pour leur majorité autistes car imbus d'eux-mêmes du simple fait qu'ils laissent croire, à l'intention des gens, qu'ils sont dans la bonne voie et se sentent adulés par une grande partie de leurs clientèles alors que ces dernières montreront le moment propice - retournement de situation a l'avantage du nouveau maître -, tout à fait le contraire que ce qu'elles étaient, et ce, d'une façon indigne voire de perfidie.

 Ainsi, les multiples tragédies du passé témoignent largement dans ce sens. Ce qui devrait, en principe, susciter les prudences de la part de gens honnêtes, se trouvant dans les rouages d'un tel système de gouvernance, à l'encontre des arrangements politiques « coalisés » actuels. En effet, ces accommodements sont en train de sous-estimer l'entassement des problèmes et tentent coûte que coûte de les escamoter, et qu'ils mettent en avant l'impression, savamment médiatisée, que tout va bien du fait que ce qu'ils tentent de réaliser est à l'avantage de larges pans de la société, et qu'ils sont entrain d'évacuer définitivement toutes les difficultés. Pourtant, ils savent que les problèmes de tous ordres sont en train de submerger les larges couches de la société se stratifiant dans des ensembles d'habitats concentrés et concentriques. Le tout, aux multiples risques psychosociaux !

 Malgré ces aléas qui planent au dessus de nos têtes, l'autisme reste de rigueur, et ce, escomptent-ils, grâce à notre vache laitière en pleine production : les hydrocarbures. Cependant, les autres embarras, liés aux multiples besoins sociaux, iront en s'accentuant et agripperont de plus en plus des gens attirés par le bien-être matériel, certes légitime et nécessaire, mais éphémère et non durable, au lieu qu'ils confortent celui pérenne défini au bonheur moral car contentant à plus d'un titre pour ceux sachant apprécier sa valeur.

 Par conséquent, ces catégories de gens happés par la force des choses, resteront centralisés, cloués, et à la merci de ceux / celui ayant la possibilité, sans partage, de distribuer la rente conjuguée bien évidemment aux assujettissements pavloviens. Et, donc, l'immobilité et l'attente des interventions de l'Etat. Cet état d'esprit, aux multiples risques et lame aux innombrables tranchants, est en vogue ces derniers temps.

C'est comme ça que ce genre de système fonctionne, s'impose, et?qu'il s'imploserait à terme, et ce, dans tous les cas de figure et d'une manière ou d'une autre, tout en sachant que ses adeptes laudateurs sortiront au moment opportun - celui de la débâcle - le fameux mot d'ordre passe-partout : « Nous ne le savions pas ! ». Alors qu'en vérité ils savent tout et qu'ils ne l'avouent que lorsque le/ou leurs parrains ne sont plus de ce monde. Une terrible et lâche condamnation puisque elle serait faite à titre posthume ! Ce type de système ne tient nullement compte des états d'âme de citoyens aplatis, souligne-t-on, par différents aléas arrangeant les affaires des clientélismes en allures avec le temps - à l'image du caméléon épousant la couleur là ou il trouve son compte -, ainsi confortes par des cercles et réseaux d'influences, internes et externes, ayant pour seuls calculs immédiats du genre : « pourvu que ça dure la ripaille et le désordre » ; car ils savent qu'ils ont été imposés, au mépris du simple bon sens et, donc, honnis par la majorité des citoyens ainsi floués car ne bénéficiant que des miettes pour subvenir à leurs besoins essentiels qui sont assez satisfaisants dans quelques domaines seulement pour les uns, et insuffisamment satisfaits pour les autres grossissants au fil du temps et les problèmes avec.

 Ainsi, les comportements arrogants et agissements démobilisateurs en résultants - dont les passe-droits, le mensonge, la corruption, etc. -, sévissant pratiquement dans tous les domaines de la vie nationale, en faits et gestes de gouvernance, semblent s'accentuer au fur et à mesure que leurs auteurs s'empêtrent, et une partie des citoyens avec, car impénitents, dans cette ligne de conduite truffée de pièges et d'aléas imparables par la force de leur imprudence (1)

 A titre d'illustration et de démonstration édifiante, dans le même sens de ce qui vient d'être argumenté ci-dessus, les récentes déclarations, de la part de certains responsables politiques, relatives au projet de loi incriminant la période de la colonisation française, ont été contredites par ceux-là même qui l'ont parrainé dés le début et, contre leurs propres « principes », s'en offusquent maintenant en disant qu'ils ne sont pas au courant du processus ayant régi son aboutissement à ce niveau aussi élevé (2). Et même qu'ils s'en lavent les mains de ce projet de loi pourtant proposé à l'APN par leur propre député et qu'elle à été avalisée par les élus des trois partis de la coalition présidentielle. (3). Pourquoi, alors, s'en laver les mains ? De quelle nature est cette mouche qui les a piqués ? Et pour quels intérêts et au profit de qui ? Tant de questions !

 Il est très possible aussi qu'il y a anguille sous roche. En d'autres termes, un coup fourré de la part d'aigris, notamment du parti du FLN, car éjectés contre leur volonté de leurs piédestaux dorés.

 Ou bien de la part de cercles du pouvoir ayant des calculs de géopolitique nécessitant le harcèlement - ou le conditionnement - de l'establishment Elyséen, aux plans aussi bien des intérêts ciblés dans les domaines de la politique et de l'économie.

 Les soubassements ? coups bas ? de la politique, c'est aussi ça ! A-t-on les moyens de faire aboutir ce genre de stratégie d'influence. Pas si sur car comme dit l'adage : celui qui compte tout seul, sans tenir compte des calculs d'autrui, pourrait se tromper lourdement : Liyehsseb ouahdou echitlo. Par conséquent, il y a de quoi s'en inquiéter pour les autres affaires liées au destin de la nation, car ce destin est à la merci des faux calculs aussi bien en prévisions qu'en chiffres « comptabilisés » ainsi que d'autres maux, que des incapables ont généré inconsidérément au fil du temps, touchant divers domaines socioéconomique, culturel, historique...  

A ce dernier propos et comme une consigne, sine qua non, surgissant des tréfonds occultes liés à la sauvegarde du pouvoir, dans tous ses états claniques protecteurs d'intérêts strictement personnels, dont son renforcement contre vents et marées, et ce, comme à l'image d'associations nationalistes aux noms prestigieux, qui ont affiché, cette semaine, leur opposition déclarée à la dite proposition de loi, ci-dessus mentionnée, pour le motif que ce n'est pas?le moment de le faire. Pourtant des acteurs français de l'époque et leurs affiliés, le déclarent ouvertement, ne le font pas dans la dentelle, et qu'ils l'étalent dans la forme et le détail. De quoi les nôtres ont-ils donc peur ?  

A moins qu'il s'agisse de l'adage : Anass yahagrouni, ouana nahgar khayti Aicha : Si je suis agressé, alors moi j'irais frapper ma sœur Aicha ! C'est tellement vrai que ce complexe de la lâche agression est visible dans les faits et gestes de gens ne respectant que l'affront externe et ne le font nullement lorsqu'il s'agit du respect y compris vis-à-vis de leurs propres proches et compagnons de combats d'hier devenus, aujourd'hui, des leurres et potentiels adversaires.

 Décidemment, ce « je ne sais pas ! » est devenu un mot d'ordre, un leitmotiv, datant de la période de l'âge d'or défini au règne, certes controversé car il n'était pas totalement doré, du défunt Houari Boumediene - l'homme d'action du 19 juin 1965 renié par ceux-là même tapis sous son burnous et qui l'ont préparé et cautionner - cachant le contenu de la poubelle qui, lui-même, l'avait maintes fois désigné , en ces termes, ce sous-entendu troublant, tantôt en des mots crus tantôt mielleux, à l'intention de ses proches de l'unité de pensée, d'actions et des destins , aujourd'hui réchauffée à l'air du temps et conjuguée aux nouvelles entourloupettes actuelles ne menant qu'au ridicule et ?au ras-le-bol.

 A l'exemple d'un débat télévisé, le soir du 23/02/2010, par France 24 su les relations algéro-francaises ou un cacique du FLN, heureusement d'une génération en voie d'extinction, n'a laissé personne parler et n'écoutait même pas qu'on lui parle et, pour impressionner les participants à ce débat, monopolise la parole tout en les faisait rire par ses pitreries de mauvais goût.           A ce train-là, des gens devraient s'en inquiéter de leur devenir et, surtout, de celui de leurs enfants ainsi désorientés par ces insanités et lugubres comportements contradictoires voire hypocrites de la part de personnes aux antipodes des aspirations modernistes des masses juvéniles. A l'image, du trop « sérieux » affiché sur les faciès émaciés des élèves zouaouistes, virevoltants au gré des humeurs et des caprices du Cheikh de la zaouïa entre autres exemples mystificateurs en douceurs par rapport aux intégrismes religieux tout en rudesse et violence. Dans la plupart des cas, ce type de cheikh laisse entendre que les pertes et profits de sa baraka sont de sa seule responsabilité exclusive.

 Malgré ça, les laudateurs et autres glorificateurs de circonstances lui attribuent que les bonnes actions et des intelligences extraordinaires voire des dons du ciel. Ainsi, ils savent, plus que les autres, dans quel sens il faut caresser les poils de son éminence. (4).

 Comme ils sont entrain de le faire, presque gratuitement de surcroît, un certain nombre de chroniqueurs et autres analystes en mal de débouchés, et qui espèrent attirer l'attention des Cheikhs afin qu'ils leur accordent?un simple clin d'œil prometteur ainsi conçu dans leur imaginaire. Pas plus que dans l'imaginaire ! Et qu'ils le savent d'avance en plus.

En vérité, c'est tout un héritage d'une certaine éducation où s'entremêlèrent archaïsme et modernisme discursive de façade (5) En d'autres termes, des mots pour ne rien dire et qui ne rapportent absolument rien de profitable. Un dicton de chez nous le stipule en ces termes : Ah ! Si parlote coûte de l'Argent. Pourtant dans les sociétés qui se respectent et adulent l'honnêteté et les mots de leurs Elites sincères, tout en s'éloignant autant que possible des maux de l'ignorance et de la gabegie, et qu'elles respectent les bonnes Paroles et la pénétration des Médias, aiguillonnent la sincérité et le courage des gens de la Politique, glorifient et honorent le savoir-faire et la pertinence des Cadres de la Nation. Et alors ? Alors, ce sont ces ensembles-ci, de connaisseurs et de connaissances, qui coûtent de l'or. Pas autres choses. N'est ce pas ?

NOTES

1- Les poussins circulant librement dans la campagne sont souvent piégés pas les fils de laine, se trouvant dans les sols humectés, les embourbant au fur et à mesure qu'ils tentent de se délivrer de cette pelote. Alors, coincés, ils ne peuvent bouger. Et si même que le poussin ferait tout pour s'extirper de ce pétrin, ou que l'on essaye de l'en débarrasser, de cette nasse, il s'entremêlé fatalement avec les fils encore plus jusqu'à qu'il s'étranglé définitivement. Un calvaire terrible, pathétique ! On dit : Que peut-on faire lorsque El felouss : le poussin - ou encore le novice en hautes voltiges politiques - ; ikarbaâ : s'embourbe - ou encore manipulé par de vieux?coqs de la politique politicienne -?

2- Un hôte louant une chambre dans un vieil hôtel lequel avait un seul WC dans la cour et qu'il était déjà occupé au moment ou ledit locataire pris par un mal d'estomac, au milieu de la nuit, voulait faire ses besoins. Impatient, il trouve une idée : utiliser un journal comme pot de chambre. Après le soulagement, il prit le journal et le jeta dans la fenêtre s'ouvrant sur un débarras commun central. Manque de? pot, le journal prend la direction du plafond du corridor et éparpille tout le contenu. Eberlué, confus, il regarda son oeuvre. Toute la nuit, il ne savait quoi faire. Tôt le matin, il guettait le moindre bruit. Enfin, comme une délivrance, il voit la femme de ménage circuler dans le couloir. Il l'appelle tout doucement, et lui dit : écouter Madame, de grâce secourez-moi. Voyez- en pointant son doigt vers le plafond -, je vous donne 500 DA si vous lavez ce que j'ai fait là. Mi-amusée, mi-éberluée, elle lui répond : Non ! Moi je vous donne 1000 DA, Monsieur, mais dites moi seulement comment vous avez pu faire cette prouesse ?

3- D'après les propos de ténors, de la majorité parlementaire, rapportés en grande manchette page 01 par le quotidien El khabar du 18/02/2010, le parti du FLN, en principe héritier du majestueux front commun de résistance qui avait victorieusement combattu le colonialisme, se prélasse malheureusement aujourd'hui sans retenue dans le ridicule et la contradiction. A ce sujet, ces mentors ont ajouté, également, qu'ils ne sont ni contre ni pour ladite loi ( ?) et que les crimes du colonialisme ne nécessitent pas de lois pour les condamner ( ?). Et pourquoi les députés français honorent le colonialisme par la loi du 23 février 2005 ? Ah ! Langue de bois quand tu nous tiens par le blabla. Et la discipline de la fourberie !

4- Un ancien membre supérieur du sérail tout proche des hautes sphères du pouvoir avait, lors de la première campagne électorale présidentielle dans l'Algérois, osé faire laisser entendre aux gens venus l'écouter que c'est grâce à son candidat que le ciel à fait tomber de la neige tout en ouvrant la fenêtre en face des montagnes de Chréa. Un blasphème du temps des idolâtries. C'est à ce titre, justement, qu'il a été lamentablement déchu par celui censé le protéger puisque il l'avait comparé, oh là ! À l'Incomparable : Le Seigneur, des deux mondes, ayant ses propres lois et voies impénétrables. Le Saint Coran, le fait stipuler, dans plusieurs versets, comme suit : Adore seul le divin Créateur éternel et non le crée comme toi vaniteux et périssable. Ledit laudateur exclu le sait que trop bien !

5- Pendant l'ère du parti unique, un de ses importants caciques, Que Dieu ait son âme, avait fait une conférence « daltonienne » à l'intention des militants d'une grande Kasma du sud-est du pays.

 Après son show, le mouhafedh le félicita pour son savoir parler. Ce ténor de grande pointure, premier dirigeant de la Direction centrale du parti, lui répondit : Sache une chose, mon ami, que tant qu'il y a du grain : des paroles pour la consommation ; a moudre au moulin : de les répéter sans que les consommateurs s'en aperçoivent ; ça irait dans le sens que nous souhaitions. Et quand il n y aurait ni grain, ni moulin, ni? « Bétail » ; débutera alors pour nous le compte à rebours accéléré par « le temps des vaches maigres ». Le 05 octobre 1988 est l'exemple hautement démonstratif du genre allant dans le sens de ses confidences et de ses vaticinations !!!