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Des élections présidentielles en mal de popularité

par Benlazaar Sid Ahmed *

La campagne électorale présidentielle n'a jamais été aussi suivie, bien que les participants aient changé de forme de participation. En effet, de l'engouement qui a prévalu il y a de cela quelques années, forgé par des intérêts multiples et de forme et objectifs diamétralement opposés, allant de ceux qui veulent construire l'Algérie de leur Enfants à ceux qui ne cherchent que l'exploitation pécuniaire de l'événement, il ne demeure plus qu'une infime masse qui continue à exhiber un engouement politique trop souvent douteux.

Douteux, car exprimé par des « Moudaouama » aux chants folkloriques, exhibitionnistes, visuels, mais rarement (pour ne pas dire jamais) idéologiques, intellectuels. Défendre un candidat à la présidentiel, c'est convaincre, véhiculer des idées, des images fortes, des programmes, des ambitions, des rêves.

Ce que la scène théâtrale, très mal orchestrée, nous exhibe malheureusement est une cacophonie de musiques, de photos posters, et de personnes invisibles.

Cette invisibilité vient du fait que le rôle de ces chargés de la communication politique (loin d'être formés pour cette tâche) ne s'exprime que durant ces événements circonstanciés, limités dans le temps. Le faible engouement visible vient justement de ce retrait exprimé par les constructeurs de l'Algérie de Demain, retirés car convaincus que le temps d'un changement est venu.

Pas au niveau des candidats, qui restent à être comparés à travers leurs programmes respectifs, mais à travers la fonction que doit remplir chaque citoyen au niveau de la représentation civile.

Jusqu'à quand les candidats vont-ils s'accommoder de ces exhibitionnistes installés devant les bureaux de représentation des candidats, creux, vides de conviction et pourtant, les premiers à s'assigner les badges et pins de l'Algérianité pour crier sur les toits un Patriotisme qu'ils ne savent même plus représenter, car tellement engloutis dans la perversité et la décrépitude, allant, une fois installés dans des postes politiques jusqu'à migrer d'un parti à un autre, comme on migre d'un pays à un autre...

Jusqu'à quand ces candidats délègueront-ils leur image à des individus que la société vomit jusqu'à la moelle, en croyant dur comme fer qu'ils sont à même de jouer le rôle de catalyseur à même d'attirer les foules... Il est impératif à ce stade et devant la décrépitude politique que vit l'Algérie de reprendre les rennes de la formation, qu'elle soit syndicale ou politique, et de combattre avec le plus grand sérieux, l'opportunisme affiché au grand dam des citoyens et exhibé comme un trophée de guerre sale, car permettant l'octroi d'une rente guerrière facile (celle des postes). Je suis passé récemment devant un bureau de la moudaouama. J'y ai vu des personnes que la société dans son ensemble combat tous les jours, pour la saleté qu'ils véhiculent. Ils ne sont heureusement pas nombreux. Mais ils savent si bien s'afficher et vendre leur image, que le dégoût qui s'installe ne laisse plus aucune place à un quelconque idéal. Peut-on espérer alors un retour des « gens biens » vers la défense du civisme et de la citoyenneté algérienne, quand ces derniers, au lieu d'être combattus, se voient être promus ou du moins intégrés ??

Nous aurons un jour la réponse.

Question à 1 Dinars : et si un jour, un candidat, inconnu de tous, venait justement parler et discuter non pas avec ces parasites de la société, mais avec le citoyen qui balaye devant l'immeuble du coin, combien de chance aura-t-il d'être aimé et respecté ? Et combien pourrions-nous parier que ce dernier citoyen irait voter ? Quant à espérer voir ce dernier intégré dans la représentation locale dans un des bureaux de la moudaouama... Je jure que personnellement, rien que pour cet acte symbolique, j'irai voter.




* Enseignant Chercheur - Université d'Oran