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Démocratisons le mérite !

par Ali Brahimi

L'actualité du début de la semaine écoulée a été dominée par l'imposante rencontre nationale sur l'Agriculture, ouverte par un discours de M. le Président de la République, à l'image de la célébration de la date de création de l'UGTA et celle des nationalisations des hydrocarbures.

Cette rencontre s'inscrit dans le sillage d'autres regroupements liés au bilan mitigé d'une stratégie agricole et rurale, et que ce dernier conclave l'a donc clôturée en grande pompe, brouhahas interminables et... applaudissements effrénés et espère, de par le cérémonial ainsi affiché et fortement médiatisé, aiguillonner l'ensemble du monde paysan afin qu'il renforce effectivement l'économie rurale du pays. Cette manifestation, qui a fait l'actualité du début de la semaine écoulée, fait suite à plus d'un semestre après le changement opéré à un haut niveau de la hiérarchie du département ministériel dudit secteur, d'une part, et à un peu plus d'un mois avant les élections présidentielles, d'autre part. Afin de polariser plus d'attention ciblée sur l'importance d'un secteur économique déterminant, à plus d'un titre, ce regroupement au sein de la perle du Sahara aurait dû se tenir dans un contexte autre que nous vivons au plan national, à savoir à la veille de la campagne électorale des présidentielles et bien d'autres enjeux et défis majeurs se redéployer en sourdine dans des cercles restreints, mais déterminants et à ciel ouvert pour les milieux populaires en mal d'inspiration, en termes de leur prise en charge en toute autonomie et responsabilité assumée, aimerions-nous insister. De toutes les façons, ladite rencontre les à relativement bien ciblés d'autant plus qu'ils ne sont pas récents, encore moins inconnus et, donc, aggraveront encore plus notre dépendance alimentaire devenue préoccupante voire lancinante ces dernières années, et ce, malgré les échappatoires des uns et des autres. En effet, la satisfaction de nos besoins alimentaires par le biais des importations effectuées au cours de l'année dernière ont rivalisé le PIB agricole estimé à 8,5 %, alors qu'il est à 61,5 % pour l'industrie et 30 % pour les services, et constitue par conséquent une distorsion gravissime affectant, à terme, les grands équilibres socio-économiques du pays. La preuve : en moins de cinq ans, la facture d'importation alimentaire est passée des alentours de 3 milliards à environ 8 milliards d'USD. A ce train là, elle pourrait bien dépasser les 12 milliards de dollars à la fin du prochain mandat présidentiel : c'est-à-dire en 2014 ! Au fait, qui pourrait s'en soucier terre-à-terre en ces temps-là surtout si, à Dieu ne plaise, la manne financière se tarissait ou bien diminuerait, ou encore serait soumise à rude épreuve, plus qu'auparavant, aux aléas des marchés extérieurs?



L'HEURE EST SEMBLE-T-IL À L'EFFACEMENT TOTAL
DE LA DETTE DES PAYSANS ACCOUTUMES DANS CE SENS



Comme pour les anciens laxismes fondés sur le compter sur l'autre et l'argent du pétrole. A ce titre, justement, c'est pour la deuxième fois, en moins de cinq ans, que la décision d'effacer la dette est prise au haut niveau de l'Etat. Elle était prévisible, car la rumeur circulait au sein des agriculteurs concernés et qu'elle gonflait, à quelques semaines déjà, avant ladite rencontre. Comme d'habitude ! En effet, beaucoup d'agriculteurs « avertis » avaient, bien avant ce conclave, largués les amarres dans ce sens. La première fois que ce genre de décisions est pris, au cours de la décennie, c'était en 2003 ou l'Etat avait épongé une dette de 14 milliards de dinars à l'époque. Cette fois-ci il s'agit de la bagatelle de 41 milliards de dinars. Des chiffres inversés donnant des idées en tout genre aux superstitieux.

Outre le sens de la rigueur défini en respect des deniers publics, se retrouvant ainsi diminué voire malmené, il est utile d'ajouter également que celui de la solvabilité se trouve non seulement amoché, mais encourage tous les dépassements, voire les sarcasmes et autres inconsidérés manifestés par les opportunistes et autres flibustiers à l'encontre des biens de la collectivité nationale dont, au sommet de tout ça, la terre : objet de marchandages dignes de figurer dans le bréviaire des corsaires.

Par conséquent, et malgré tout, ces intentions certes encourageantes pour les méritants sachant mesurer leur valeur mais qui, à force de se répéter, encouragent les malintentionnés d'accéder à d'autres niveaux d'exagérations inouïes permettant l'accaparement d'intérêts indus ainsi permis par le laxisme calculateur des gouvernants. Toute une filière bardée par les apparats clientélistes et autre sournoiseries aux dépens de l'efficacité, le sens de la mesure et le souci de préserver l'intérêt général insufflé au sein des consciences des gens, afin qu'ils aillent vers les voies menant à l'équité et l'éthique conjuguées avec abnégation à l'effort et l'honnêteté. Un acte courageux et dénué de populisme, allant dans ce sens que ci-dessus, vaut mieux que de faire habituer les gens au laisser-aller, malgré toutes les bonnes intentions visant des redressements salutaires.

Donc, il se pourrait bien que les effets pervers de ladite mesure, à force de se répéter, prennent le dessus sur ceux souhaités : c'est-à-dire donner l'impression à ceux-là honorant leurs dettes, qu'ils ont été floués. Sans compter les innombrables impacts négatifs sur le tempérament et le moral des millions de gens mesurant le sens du sérieux et du mérite honnêtement acquis. Cependant, il existe quelques bonnes volontés parmi ces bénéficiaires, de ladite décision, qui vont apprécier sans pour autant qu'ils feraient des commentaires déplacés voire d'intérêts égoïstes. A l'image de certains apprentis sorciers, partisans, politiciens et autres clientèles impertinentes. Donc, c'est au niveau mentionné ci-dessus que l'impact de la décision serait probant. En attendant, il serait salutaire d'engager d'autres mesures bannissant le grouillement des opportunistes électoralistes et autres chercheurs invétérés de profits acquis par des louvoiements. Enfin, jusqu'à quand ces permissivités suscitant d'autres effets à l'opposé de ceux recherchés ? De toutes les façons, au moment des grands bilans et des épreuves de vérité économique entre autres, ces mesures seraient perçues tout autrement par d'autres générations. A l'inverse !



2014 : L'ANNEE CHARNIERE DU BILAN DES APPROCHES
AGRO-RURALES DURANT QUINZE LONGUES ANNEES



Il n'est pas du tout exclu, que les «certitudes» d'aujourd'hui seront demain erronées et décevantes pour le pays d'abord et, ensuite, sur ceux qui ont fait aveuglément confiance aux effets de surprise à la papa noël pour paraphraser un membre dirigeant du gouvernement actuel... A ce titre, l'échéance 2014 est considérée, par certains visionnaires, comme l'ultime étape décisive de la stratégie agricole et rurale, entre autres, ayant endossé pour faire impression, de multiples « habillages » liés à la sécurité alimentaire du pays.

A ce propos, au printemps 2007, le directeur de la FA0, en visite à Djelfa, pays du mouton par excellence, avait flagorné ladite stratégie et exprimé des « prédictions » allant dans le sens de l'autosuffisance alimentaire, aux horizons 2013, et surtout complimenter les concepteurs et exécutants de ladite stratégie décennale du développement agricole et rural. Peu de temps après, des désaveux terribles, voire des scandales en tous genres, dont la faiblesse, inexpliquée à ce jour, de la production agricole, et ce, malgré les immenses sommes d'argent injectées et d'efforts engagés durant dix années, mais qui, malgré des résultats parfois encourageants, ont vite atteint leur limite, voire implosèrent subitement par impuissance et autres faiblesses tournant autour des filières céréalières et laitières entre autres ratages de taille.

Donc, ceux manifestant aujourd'hui une certaine assurance sont, sans doute, oublieux des travers manifestes observés à ciel ouvert hier. Et jusqu'à actuellement, et ce, malgré les signes encourageants dus en grande partie à la pluviométrie exceptionnelle de l'année et à l'impression - du moins ainsi ressentie - du renouveau lié au changement des hommes pour, hélas, les mêmes rengaines. En effet, les anciens réflexes restent d'actualité. A ce titre, certaines prévisions annoncées sont aux antipodes du bon sens au vu des chiffres entêtés issus des cales des bateaux comme sanctuaires de la vérité en termes de marchandises, en tous genres, importées quotidiennement. Et de partout !

Cependant, certaines déclarations officielles (voir le quotidien l'Expression du 25/02/2009 page 07) laissent supposer que d'ici quatre années, la production des céréales atteindrait les 50 millions de quintaux dont 33,4 millions en blés. Alors qu'actuellement, on importe aux environ de 50 millions de quintaux en blés uniquement ! La production laitière, quant à elle, est restée mystérieusement statique depuis 1987 : 2,2 milliards de litres/an dont seulement... 250 millions sont collectées. Et encore ! Une balourde - une méprise - difficile à admettre.

En tout état de cause, et tant que l'état d'esprit rentier prévaut, nos impressions aussi bien chiffrées que figurées resteront biaisées voire farfelues à force de se répéter dans l'absurde. Et tant qu'on multiplie les échappatoires ne menant qu'aux... culs-de-sac, il est évident qu'on ne s'est pas encore affranchi des pesanteurs du passé et autres lubies autodestructrices pouvant surgirent au présent et à l'avenir. Ce dernier appartiendra aux peuples qui sachent saisir les opportunités morales et physiques en présence ou à imaginer, afin d'instaurer un système politico-économique expansible et galvanisé, en termes d'endurance et de sincérité intelligente et pénétrante, permettant de démocratiser l'effort et le mérite, et ce, de la cellule familiale au plus haut niveau de l'Etat qui n'est, en principe, que l'expression de la volonté populaire, et celle de ses élites pertinentes, le considérant ainsi comme leur agent d'exécution. Effectivement, c'est sa principale fonction !