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Hourrah ! Euronews en arabe !!

par Abdou B.

«Oh ! Demain c'est la grande chose ! De quoi demain sera-t-il fait ?»
V. Hugo

C'est quoi le cynisme ? Donnons la parole au Larousse qui donne une définition de «ce nom masculin qui vient du groupe dit kunos qui veut dire chien». Le dictionnaire énonce que cela veut dire «attitude cynique, qui brave ostensiblement et brutalement les principes moraux et les conventions sociales». En annonçant, à partir d'Oran, que la chaîne Euronews a commencé à diffuser en langue arabe à partir du 11 juillet 2008 à partir de 19 heures, les dirigeants de la chaîne en question font simplement leur job en donnant satisfaction à un cahier des charges mûrement réfléchi, financé et exécuté. Et ils le font en connaissance de cause, avec cynisme, en jouant sur l'ignorance de certains actionnaies. Euronews a une vocation, une mission clairement affichées : «l'information internationale et européenne sous «l'angle européen», il n'y a rien jusque-là de choquant, cette chaîne est européenne et elle diffuse de l'information et du «No comment», mais sous l'angle exclusivement européen, et c'est son droit absolu, selon son label franchement affiché «européen». Elle ne reflète pas du tout le point de vue de chaque actionnaire, ce qui donnerait un manteau d'Arlequin, tout simple, intenable, ingérable, donc incompatible avec la création d'une TV qui a plusieurs actionnaires. Donc, c'est le point de vue européen qui a primé, qui prime à ce jour. Combien de décideurs, de parlementaires, de ministres, de responsables des services, en Algérie, peuvent dire la liste des actionnaires d'Euronews ? Pour eux, c'est une chaîne européenne, point à la ligne. Rouhi y a Bladi ! Or, il se trouve justement que cette chaîne européenne, donc qui n'affiche nulle part la coloration, la sensibilité d'aucun de ses actionnaires, est simplement, défintivement européenne, avec des actionnaires qui ne sont pourtant pas tous Européens. Dans une entreprise, un actionnaire a des dividendes, un espace éditiorial et, s'agissant de télévision, le passage d'images propres à lui. Sinon pourquoi être actionnaire réel ou même virtuel ?

La chaîne en question annonce toujours de manière innocente le nombre de ses journalistes, arabisants, répartis entre le Bahrein, l'Egypte, l'Algérie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Palestine et la Tunisie. Bien entendu, le dosage semble être régulé selon le pourcentage de paraboles étudié de manière pragmatique (il suffit de se promener dans chaque pays concerné pour mesurer la quantité de cibles).

Dans tous les cas, l'Algérie, qui arrive en tête en termes de foyers parabolés, devrait avoir non seulement les plus gros dividendes en devises ou en images diffusées couvertes par la langue arabe.

A l'évidence, à condition que les responsables algériens se donnent la peine de suivre, à travers leurs collaborateurs compétents, sans langue de bois ni «courtisanerie» stérile, pour constater que la chaîne, comme son logo l'indique, a des premières préoccupations qui sont européennes, pour ensuite évoquer le Maghreb et le monde arabe comme supplétifs, fournisseurs d'énergies ou zones touristiques (Egypte, Tunisie, Maroc) ou acheteurs d'armements (Maroc, Algérie), sinon marchés de véhicules, de médicaments, d'électroménager, d'avions civils, etc.

Euronews, avec moult détails, articles de la presse d'Israël donne tout sur les problèmes du Premier ministre israëlien avec la justice de son pays. Il est difficile de le faire avec les dirigeants si cela est justifié puisqu'il n'y a rien à dire au sein de la justice et des journaux arabes. La boucle est bouclée, sans présomption de culpabilité, il n'y a rien à dire sur Euronews concernant les régimes qui seraient actionnaires, indirectement de la TV Euronews, sauf qu'il y a un axe privilégié, celui d'une chasse gardée bancaire, le Liban, et sa relation avec la Syrie. De la publicité pour de grosses entreprises du Qatar qui dirige les opinions arabe et musulmane grâce à une télévision au top du top, Al Djazeera, de professionnalisme, d'habillage et surtout grâce à une couverture journalistique de la planète.

Entre LCI, France 24, ITV, Euronews, BBC dans toutes les langues, pour ne parler que des chaînes d'information H24, le monde arabe, dont l'Algérie, est sous influence, sans aucun doute. Est-il tellement difficile, financièrement et professionnellement parlant, que l'Algérie mette sur tous les satellites, dans toutes les langues dominantes, une chaîne d'information continue ? Non, l'idéologie, le refus d'un consensus national, l'expression libre de toutes les oppositions, des ONG et des associations qui refusent le formatage, livrent les opinions algériennes à des chaînes professionnelles, performantes, grâce à la parabole qui se moque à gorge déployée de petits censeurs, enfermés dans de petits bureaux, encadrés par de petites «directives», émanant de petits fonctionnaires, quels que soient l'habit, la barbe, les actionnaires, pour être au goût du jour, peuvent parfaitement opérer un «recentrage» autour d'une cérémonie dans le style de celle qui s'est déroulée à Paris les 13 et 14 juillet 2008 de changer de logo pour le transformer en «Euromed TV», puisque les dirigeants du nord et du sud de la Méditerranée ont trouvé, et c'est tant mieux, des consensus pour l'UPM. Avant l'holocauste à Ghaza. Sans ces chaînes qui informent, sans le pluralisme orienté, sans la diversité, comment les Algériens auraient-ils accès à toutes les expressions qui se font entendre dans le monde ?