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Paradoxes arabes

par Abdou B.

«Nos prêtres ne sont pas ce qu'un vain peuple pense, notre crédulité fait toute leur science».
Voltaire



Que le monde arabe, au niveau des dirigeants et des appareils partisans, soit profondément divisé, la chose est connue et intégrée depuis longtemps.

Que la nature politique des régimes arabes en fait une mosaïque que ne renierait aucun badigeonneur frappé de secousses hystériques, le constat a été fait depuis des lustres. Avec chacun une monnaie de singe, qu'elle soit une monarchie, une royauté déguisée en république, une affaire strictement familiale ou une simple division blindée, la gouvernance arabe est en dehors du temps, du siècle et des processus élémentaires en politique et des règles économiques.

Dans ces contrées on autorise la lecture mystérieuse d'une prose «charlatanesque» pour guérir des maladies graves.

Devant les massacres commis par Israël, on apprend aux citoyens à se frapper la poitrine, invoquer le siècle et supplier l'Occident de faire quelque chose pour que la mort cesse de faucher des citoyens palestiniens.

Pour encadrer et accompagner l'holocauste mené par l'armée d'occupation israélienne, tous les systèmes médiatiques en Angleterre, en France et aux USA et ailleurs sont mobilisés et déclinent «l'innocence» et la «légitime défense» du peuple «arrogant, sûr de lui et dominateur» comme disait un homme politique lucide, «Hamas a violé la trêve», «Hamas use de roquettes et de missiles (sic!) contre le sud d'Israël» «L'offensive terrestre de Tsahal a pour objectif de mettre la main sur les bases (sic!) d'où le Hamas menace la paix du peuple d'Israël». «Cette opération sera longue, des semaines sinon des mois».

Les opinions sont préparées par des médias acquis sinon dirigés par de puissants groupes privés ou par des «intellectuels» en émoi devant quatre morts israéliens qui valent, bien entendu, plus et mieux que des dizaines et des dizaines d'enfants décimés à Ghaza. Au plan diplomatique, les gouvernements européens connaissent la manoeuvre pour faire gagner du temps à Tel Aviv et lui permettre de terminer le génocide du siècle. On multiplie les rencontres, on condamne les violences et on demande le cessez-feu pour surtout ne pas aboutir à un texte consensuel car Israël n'a pas terminé le «travail» qui ne fait que commencer. On évoque un passage humanitaire au moment où les chars du génocide pénétrent de nuit dans le réduit palestinien.

L'autre objectif, non dit, est d'effacer la non-victoire, en 2006, lorsque Israël a échoué sur tous les fronts militaires.

«Hamas a encore les moyens de harceler le sud d'Israël» assène l'apprenti reporter de LCI, bien loin du théâtre des opérations, contrairement aux journalistes d'El Djazira toujours au coeur des combats et qui sauvent l'honneur de tous les médias arabes pour lesquels la Palestine et Ghaza sont des réalités virtuelles.

Appliquées à défier les zaïms, les T.V arabes jouent sur l'émotion et font assaut de poésies de pleureuses professionnelles, usent et abusent d'images prises par des professionnels sur le terrain et font défiler des récitants de psaumes exaltés alors que là-bas des technologies de pointe sèment la mort, la terreur, l'humiliation et la haine pour des décennies.

Le président tchèque estime qu'Israël «mène une guerre défensive (sic!) Quelle est la réponse individuelle ou collective des dirigeants arabes à ces propos stupides tenus par un homme qui assume la présidence actuelle de l'UE? Personne ne sait et de toutes les façons, les Palestiniens ont d'autres soucis plus graves et ils ne comptent ni sur l'Europe ni sur les stocks d'armes fabuleux engrangés (pour quoi faire?) par les régimes arabes. Les paradoxes arabes sont trop nombreux, surréalistes. Ils n'entrent dans aucune grille d'analyse sérieuse, rationnelle.

Si l'Etat hébreu a longuement planifié son attaque contre Ghaza au su et au vu de toute la planète, il apparaît clairement que les dirigeants arabes n'ont rien anticipé, rien prévu et qu'ils réagissent comme d'habitude, à la fin des hostilités en jouant sur la sensiblerie, en faisant réunir des badauds «assis» en face de responsables «assis» pour écouter des proses «d'assis». Aux USA, en France, en Angleterre, des citoyens, des associations, des formations politiques ont manifesté dans la rue et condamné Israël, au nom d'opinions publiques informées, éclairées, politisées à qui leurs représentants élus rendent des comptes.

L'armée israélienne doit «rétablir son autorité après avoir tiré les leçons des coups infligés par la résistance libanaise» (sans les armées et les dirigeants arabes) pour liquider le Hamas». Les commentaires encourageants pour l'armée d'Israël font florès sur les chaînes françaises qui ne se doutent pas encore de la perte d'influence française auprès de la rue arabe, de la mort prématurée de l'UPM assassinée, en direct par Tel Aviv. Le paradoxe, encore un parmi d'autres, est qu'au moment où toutes les portes d'accès à Ghaza sont fermées pour qu'aucun aliment, aucun médicament, aucune cartouche ne parviennent aux combattants palestiniens, pour que tout un peuple soit exterminé avec l'approbation des protecteurs d'Israël et le silence embarrassé des chefs arabes.

La guerre de Ghaza se terminera avec des défaites arabes et des pertes palestiniennes à raison d'une victime juive pour cinquante palestiniennes, et par des destructions causées par des armes de dernière génération fournies par les USA et l'Europe.

En réalité, il n'y a rien de neuf sous le ciel des régimes arabes, atomisés et tenus en laisse. La seule relative nouveauté est que la Palestine est devenue encombrante, trop difficile à soutenir.

Il appartient donc à Israël et aux grandes puissances de choisir un destin pour les Palestiniens.