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Criez, hurlez!... On tue à Gaza

par El Yazid Dib

Dans une guerre il ne peut y avoir que des assassins. Il y aurait des traîtres mais aussi beaucoup de lâches. Gaza meurt. Le monde arabe s'émeut et s'attendrit. L'autre monde se meut et se tait. Mais la tuerie a bel et bien commencé voilà du temps.

Depuis que l'Islam s'est reconverti en un rite, depuis que l'Occident s'est érigé en adversaire ou s'est vu se le faire, depuis que l'exercice de la guerre se fait sans honneur, ni loyauté ; toutes les notions se sont perverties. En Palestine, la guerre est un ordre du jour permanent et continu. La même guerre fait le fait du jour de tous les briefings au sein des présidences, des palais royaux ou des agences commerciales.



L'Islam et l'Occident de guerre



Le monde pond des règles au profit de ceux qui le font. Il s'agrandit ou s'amoindrit à la mesure de ceux qui le voudraient ainsi ou autrement. En somme il est comme une religion quelconque; sans attention à ses débuts; embarrassante à son expansion. Doctrine ou inspiration dite céleste, elle s'écarte comme une carte bi-polaire de la tolérance vertueuse à la terreur tumultueuse. Le cœur en parle. La rue ça se discute. Les écrans en crèvent les tubes cathodiques et ça n'a rien de catholique.

Lorsque des propos confus viennent sciemment se fondre dans une terminologie déjà controversée, il n'en reste que des opportunités accueillantes pour toutes les dérives possibles et imaginables. Lancer de l'invective, sous couvert d'un besoin médiatique n'est pas de nature, en toutes circonstances, à favoriser l'atteinte réussie de l'objectif escompté. On y tombe justement dans une réaction antithétique, hostile et intransigeante.

Le conflit des civilisations, ou le choc civilisationnel ; si tel était le cas, ne devrait aboutir à l'anéantissement du peu de pudeur que lui confère l'esprit civilisateur. Sans cette retenue minimale, tout sens et toute dimension rattachée à une quelconque progression sociale, ne sauraient être éligibles à arborer, haut et fort, un qualificatif ou un nom de civilisation. Partant, la civilisation se puise d'une connaissance, grandit dans une culture et s'épanouit et progresse dans la vertu, l'éthique et la moralité. Elle ne peut donc, par définition liminaire que s'entrouvrir ou mourir.

Les civilisations viennent au monde comme est venue la pénicilline aux maux de ce monde. Sans religion, sans faciès, sans ethnographie, elles comblent par des bienfaits des uns les tares et les lacunes des autres. Elles se complètent, s'imbriquent et cohabitent. Quel est le récipient facteur et porteur de civilisation? La science et la technologie sont-elles engendrées par l'élan civilisationnel ou bien au contraire, ce sont, elles-mêmes, qui l'engendrent? Dans tout ce dilemme, quel est cet apport qu'une civilisation puisse amener aux différentes religions, ou consent-on à dire que c'est la religion qui pond la civilisation?

En somme ni le meurtre, ni la famine ne sont des termes dans l'encyclopédie des grandes civilisations qui ont pu, depuis la création, façonner l'humanité. Le terrorisme, comme le meurtre ou le mépris est irréligieux. Nul besoin n'y est pour clamer des évidences communes aux communs des mortels. Le vol ou l'adultère n'ont pas attendu une religion élitiste ou la parution du premier code pénal pour qu'ils soient honnis et récusés par la conscience sociale et interdits et défendus par la volonté législative de l'homme. La religion n'est pas un tout. La loi n'est non plus le tout. Il existe bien un code répressif condamnant l'inceste et l'escroquerie dans des pays sans religions ou qui se proclamaient d'un athéisme affiché. La morale n'a pas, pour demeurer vive et inextinguible, besoin d'une charte ou d'un pacte. Elle est là, invisible et épiant, comme un vigile silencieux qui ne s'auto-censure que par le repentir et le soupir. Les règles sur lesquelles se fondent la morale, remords et regrets, vont dégeler par conséquent les actes répréhensibles et récusables plus que ne le fait l'homme dans ses tentatives de contractualiser les préceptes moraux.

Osons le dire! L'Islam n'est pas une tête enturbannée, ni un visage barbu d'un être dont les mollets restent dénudés par un tissu de houppelande et tenant ostensiblement une mitraillette en s'affairant à un va-et-vient buccal à l'aide d'un bâtonnet tenant lieu de brosse à dents et ce, en dehors de circonstances de dîner ou de déjeuner. Il est des bras ouverts, des yeux larmoyants et un coeur immense, comme l'est l'espace planétaire. Il n'est pas, non plus, un aviateur formé pour casser des tours, ni un égorgeur d'innocents enfants nés dans les plus hauts monts d'un douar et dont la maman lui résiste vainement à ses coups de viol et d'éventrement. Il est une culture de bien-être, de savoir et d'amour. Mon Dieu à moi, en aucun cas, ne m'avait affirmé que commettre des faux barrages ou faire exploser un cadavre ne fût un acte de bienfaisance ordonné ou une intercession me rapprochant de sa bénédiction. Mais que dire de tout ça, si l'on est démuni face à un arsenal de feu très puissant?

Comparer l'Occident à l'Islam est une friction de l'esprit et une vision réductrice du savoir que pourrait contenir cette religion. Car pourquoi se limite t-on à placer en deux points divergents et dans un antagonisme, Islam et Occident? Pourquoi pas Orient et Occident ? Ou simplement Islam et Christianisme ou autre religion? D'ailleurs la polémique dans ce registre était et l'est toujours fugace, pénétrante hostile par endroits et placidement tolérante. Opposer le verbe coranique à des usages canoniques viendrait à penser que l'on ignore l'un ou les autres sinon l'ensemble à la fois. A ce niveau de pensée, certains thèmes récurrents marquent par leurs échos et leurs porte-échos, que ces derniers ne connaissent pas de frontières et libèrent leur libido spirituelle pour en prêcher causer ou sermonner au nom de telle religion ou de telle civilisation des immondices et des contre-réalités. Ils n'obéissent, de ce fait, qu'à une passion aveugle, sectaire et inhumaine. Les califes de droiture ne disaient-ils pas, à juste titre d'ailleurs, que «la passion est un autre dieu qu'on adore»?

Il est à constater d'une façon peu désabusée que la laïcité tant prônée par les pays qui en font un principe cardinal et constitutionnel n'est, dans la pratique, qu'un mirage propre à tout discours politique. Sinon comment admettre le retentissement assourdissant des cloches au moment où l'on récuse l'appel, l'adhan islamique à partir des quelques mosquées qui y existent? Est-il le propre d'une laïcité quand en face d'un clocher l'on refuse l'élévation d'un minaret ?

Que dire de ces nations aux notions justes de Droit et de droits d'asile qui, savamment, font permettre la vision des croix en confinant dans les caves les salles d'ablutions et le mihrab? Là, le droit napoléonien est sans ambages en matière de tissu urbanistique et de design architectural. Si le minaret n'a rien d'occidental qu'en est-il de la flèche, des nefs et des clochetons des églises? Toutes les religions sont censées être égales et mondiales et une religion ne peut valoir mieux qu'une autre. Ainsi rien ne va plus dans la vision polycultuelle des pays attachés à la liberté de croyance.

Ainsi, sans vouloir apporter le moindre reproche ou l'énième critique à l'égard du monde occidental, que ce soit dans ses contradictions de la notion des droits de l'homme, de la liberté du culte, du traitement de la femme ou dans son approche sur les maux mondiaux de misère, de suicide, de drogue ou de sida, je voudrais insinuer que dans les dérives de ce monde, apparaissent, au grand jour, d'abord les dérives de ses gouvernants. Puis la verve facile et le style de débauche de ceux qui pensent avoir trouver le sexe des anges.

Ce qui caractérise un débat par rapport à un conflit c'est la force de la preuve et non la force à l'épreuve ou l'épreuve de force. Si l'Occident avec la science et la technique qui ne lui sont par ailleurs, en aucun cas exclusives, car propriétés de l'humanité entière, veut bien entretenir ou continuer le débat du jour déjà entamé en sourdine, depuis l'hégire chez le roi d'Éthiopie; qu'il le fasse en ayant les coudées franches tout en expurgeant tout sentiment de réprobation, de haine et d'ostracisme. Sommes-nous, suite aux attentats de New York, à un niveau d'uniformisme rangeant dans le bien ou le mal des individus uniquement à l'aide des critères de races et de religions? Décidément quand l'Amérique range les gens, elle s'arrange et dérange tous les rangs! Le débat de civilisation ne peut produire qu'un dialogue fructif. Il ne saurait remettre en cause les fondements ni de l'une, ni de l'autre mais contribuerait, sans façons, à apporter l'éclairage nécessaire dans les zones voulues sombres et permettrait publiquement l'intrusion même dans les «zones interdites». L'injure est un crachat à la face de la culture. Le respect de l'autre est un signe de grandeur, de générosité et surtout un témoignage clair de la limpidité de la source intarissable auprès de laquelle la personne respectueuse et non injurieuse s'en abreuve et se forge. Notre force n'est pas une puissance dans le débit des insanités ou le murmure des F16 et des B52? Notre force n'est pas dans le veto ou l'opposition à rendre un enfant affamé heureux parce qu'il n'a plus faim, ni ne se mesure à la longévité dans l'imposition injuste d'un embargo par-ci et l'autre par-là. Elle n'est pas, non plus, un degré dans l'échelle de Richter ou une valeur dans le panier du CAC 40. Notre force à nous est dans le futur de l'innocence de nos bambins qui persévéreront à la fréquentation des «écoles de la haine» et dans les lendemains sûrs des trajectoires unitaires que la grâce destinale voudrait bien en faire la jonction grande et finale.

Toute culture n'est bonne que si le bien l'entoure. La preuve est là, transcrite dans le livre et hélas parfois proscrite et contredite par les actes de ceux qui, aveuglement, le lisent ou le disent. Enfin A la Kaâba; un Dieu qui la protège!»



La guerre est finie!



L'ivresse l'avait emporté loin dans ses chimères d'amoureux bredouille. La conscience lui fait peur. Il ne veut plus voir et revoir l'écran rose de sa TV pourtant numérisée. Entre les deux son coeur balance. Le V digital, symbole de victoire lui paraît être un vestige de la guerre froide. Même ses cheveux longs à la «Antoine» n'expriment rien. La barbe également. Le temps des révolutionnaires aurait-il laissé place aux légionnaires, aux réservistes qui ne connaissent des pétales de fleurs que les bourgeons d'obus et la symphonie des missiles? La tumeur du monde est maligne, se dit-il, dans le respect d'une minute observée dans un très long silence. La résolution, la motion et toute autre manifestation politique, y compris la marche et l'émeute, ne sont pour ses yeux tournés vers l'information pentagonale qu'une grossièreté populaire accomplie avec préméditation. A lire et relire dans ses paquets de gauloises «liberté toujours», il perd dans la fumée, tous les repères des «blondes», des blancs et des teints basanés.

Cependant, il ne se prive pas de braser en une poésie harmonieuse toutefois contradictoire, les vers guerriers de Jalel edine Erroumi avec la prose sans rimes de Jean Ferrat ou de Maikovski. Le monde pour son pauvre crâne n'est qu'une unicité, une force et un pôle. Fini, le temps de la balance à deux plateaux. Tout est à sens unique. Le froid a gelé la pesée qui se faisait entre un pacte varsovien et une alliance bruxelloise. Il se permettait ainsi de se départager selon le gré ou de son ivresse ou sous le charme de ses slogans révolutionnaires perdus. Orphelin et misérable, que peuvent pour lui les ONG, l'ONU ou le club des poètes de Babtini?

Rêver et continuer à alourdir ses paupières, c'est aussi sa façon de combattre la mal. Ne pas dire aïe! est un triomphe. Car la guerre n'est plus ce qu'elle fut. On peut bien mourir d'excès d'embonpoint malgré les recettes nutritives fines et étudiées. Comme on peut s'éterniser, enfin faire éterniser la coquille charnelle, sa boîte corporelle.

L'Ethiopie est une vitrine, sans traces de guerres de la déliquescence des loques humaines. Traîner lourdement sa carapace n'est également plus un calvaire humanitaire. Dans cette ivresse du corps, face aux tables d'Hammourabi et aux cartes postales de CNN, nul ne pourra, dorénavant, éveiller l'âme de ceux qui, toujours poètes, font de l'histoire la meilleure ode à l'honneur justement de l'histoire. Dormez ou luttez, il y aura toujours un troubadour post-babylonien qui vous ânonne, sans se sentir obligé à le faire; que la messe est finie mais que le rituel sur l'autel des sacrifices se perpétue davantage. Rompez, la guerre est finie! se devait se dire un petit enfant enfoui sous la poussière des décombres d'artilleries regardant du coin de l'oeil un écran encore allumé d'une chaîne arabe montrant les affres dont souffre un petit peuple. A Gaza, la guerre est presque finie! Car les guerres de cent an n'existent plus.



L'exil ou la guerre



La guerre qui commence par le fait d'abattre tout le confort moral d'un côté et s'essayer à remonter d'un cran la haine de l'autre, n'est pas faite pour des hommes calfeutrés ou des lecteurs non assidus. Elle serait un profit dont la base taxable n'est autre que le crime à commettre face à une population rebelle à l'imposition de chiffres d'affaires chimiques et de d'évasion massive. Les assujettis à l'impôt trinitaire, hispano-anglo-américain se sont depuis 1990 inscrits dans la case des redevables récalcitrants mais fiers. L'ultimatum «buschier» lancé en une alternative de partir ou mourir, n'a aucune chance d'aboutir. Même les voies de recours prévues en cas de surimposition ne sont plus respectées. La légalité internationale est une chose qui ne devrait plus obéir à des règles politiques mais à des rapports de force et de quelle force? Des milliers d'hommes, des tonnes de matériels, une technologie de pointe, les dernières inventions de Microsoft, des relais aéroportés du Pentagone, du numérique, du cellulaire détruiront certainement tout ce qui bouge, palpite ou souffle. Les édifices, les ponts et Babylone partiront au gré des écrans de fumée et de feu qu'auraient laissés les frappes précises et éclatantes de l'US Force. Mais demeureront les tombes béantes et les sarcophages à ciel ouvert, comme témoins séculaires de l'ignominie d'une civilisation de droits de l'homme, de libertés et de démocratie. Là, l'histoire comme dans le «sac de Bagdad» retiendra pour les écoliers de la future Bassorah, dans leurs cahiers de fibres optiques, la vaillance d'un peuple, qui en toute circonstances, fut «trahi» et «lâché» par les siens.

Partir sous une injonction militaire étrangère reste la pire trahison dans l'esprit de ceux qui se cultivent aux essences de la personnalité. Se permettre une guerre inédite est aussi un éloignement vis-à-vis de toute attitude d'abandon et d'abdication. Le dilemme est dur et rude. La décision claire et simple.

Que ce soit en Irak, à Herat ou à Zbarbar, la mort est un état physique, le meurtre est un acte tout aussi physique et la trahison est un acte politique quand la lâcheté devient un petit intérêt économique. L'on ne pourrait, dans tous les cas, être content du résultat auquel aboutirait, dans les pensées, le choix des dirigeants irakiens. La guerre avait eu lieu. Avec ou sans Saddam, la géopolitique régionale est en train, à l'appui du bistouri outre-atlantique, de faire de profondes entailles dans le corps inerte et davantage infect du conglomérat arabe et moyen-oriental. La recherche d'un bon équilibre serait à effectuer dans la doctrine du déséquilibre provoqué. Peut-il être dans l'exil ou la guerre?



L'amorce finale d'une guerre



C'est une forte envie d'être fou quand à voir les USA, la France ou la tchèquie prendre parti avec israël. Ce monde occidental devait dévier dans une incongruité des plus meurtrières. Pour Darfour le monde entier s'est soulevé. En Georgie également et idem pour le Kosovo et j'en passe. Voir cet Etat, fort et puissant, soutenu par toutes les autres forces et puissances contre un petit peuple avec de grands idéaux, c'est se dire la cause est ailleurs. Vaincre ou terroriser semble se greffer comme devise dans l'esprit de l'armée sioniste. Les guerres classiques se faisaient entre Etats. Au cours de cette décennie, elles se font contre des groupements d'individus, d'entités idéologiques ou partis politiques. L'Amérique a mené sa guerre en Irak contre Saddam et le parti Baath, en Afghanistan, elle l'avait faite contre les talibans, l'armée israélienne guerroyait contre le Hizbollah au Liban et la revoilà, une énième fois, contre le Hamas. Mais en réalité ces chevauchées touchaient plus que la cible retenue. Elles ratissaient large, pour atteindre l'ensemble des personnes habitant ces zones. Ces guerres sont devenues impitoyables autant que le massacre collectif et aveugle fauche toutes les têtes.

Ainsi et en conformité avec ce raisonnement que nul n'est à l'abri d'une guerre impitoyable que les Etats arabes et musulmans font dans l'agitation, le cri et le hurlement. Après cette période où l'on condamnait l'impérialisme américain à partir de la kasma, la plus reculée du bled. Encore que certains régimes interdisent aux leurs de crier ou de gueuler une colère certaine et un dégoût moribond à l'égard de la passivité quasi complice de leurs gouvernants.

Que peuvent faire ces Etats? Engagez l'assaut final dans une force coalisée interarabe contre l'Etat hébreu? Géographiquement la carte est favorable. L'encerclement demeure une tactique offerte naturellement. Reste cette décision à ne jamais prendre quant le calcul stratégique vous fait penser à 67 ou 73. L'Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban ou le Royaume chérifien tiennent l'ennemi en tenaille cadastrale, mais pour les uns les ficelles de l'animation sont fixées au pupitre du bureau ovale, pour les autres sur la table du conseil de sécurité, en attendant de passer au bureau ovale.

Donc, ils savent que nous sommes incapables de mener des guerres, ils nous offrent néanmoins la possibilité de crier, et de pouvoir transmettre nos cris à travers la planète où l'écho ne sera jamais assourdissant. Vous: criez, hurlez, nous on tue à Gaza!