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Nouveau monde, nouveau capitalisme

par Ali Brahimi

C'est le thème du colloque qui se tient à partir de ce jeudi en France et qui est entièrement consacré à l'actuelle crise financière et ses effets sur les équilibres de l'économie mondiale accompagnée par tant de défauts et de distorsions cumulés depuis, notamment, le krach d'octobre 1987 - une coïncidence bien singulière - qui n'avait, heureusement, duré que peu de temps et touché des domaines précis et quelques économies rentières.

Dont la nôtre !

Par contre, l'actuelle banqueroute exigerait, de par son ampleur en cours, une large consultation sur la nécessité d'une refonte radicale de tout le système capitaliste qui, d'après un bon nombre d'observateurs avertis en la matière, aurait bel et bien atteint ses limites structurelles et fonctionnelles, voire morales, et ce, après tant de dérives et « d'indisciplines » qui l'ont ainsi traversé ces dernières années.

Comme, toutes proportions historiques et politiques gardées, ce fut le cas du communisme et autres socialismes durant, notamment, les décennies de 1980 et 1990. A la seule différence de taille, que le système capitaliste possède plus de flexibilité en terme de transformation d'une situation à une autre. Ce qui le rend modulable pour presque toutes les sociétés qui l'ont adopté en tant que système de production des richesses. Est-ce encore le cas après ce coup-ci ?

En tout cas, cette rencontre parisienne se tient dans un contexte alourdi par tant d'événements, de tous ordres, et qui vont s'accentuer au fur et à mesure de l'évolution des retombées de ladite crise liée à d'autres événements, en cours et en perspective durant cette année. En attendant, ce colloque se tient dans une conjoncture de mutation vers une nouvelle conception du mode de production du capital, sous toutes ses formes, que ses louangeurs veulent le prémunir des aléas qui l'ont traversé par le passé, et jusqu'à ce jour, d'où son dysfonctionnement actuel dont la spéculation multiforme dont usurière : en fait, son mal symbiotique originel !



UN NOUVEAU MONDE MULTIPOLAIRE
DANS UN SIÈCLE DE DÉFIS PLURIELS




La France aurait certainement le mérite d'avoir tiré, par anticipation, les enseignements de cette crise multiforme due, d'après son Président, à une carence de nouvelles idées mondialistes. Ledit président avait déjà lancé des concepts dans ce sens dont un nouveau monde multipolaire. D'où, justement, l'UPM - Union pour la Méditerranée - encore au stade de projet du fait des zones d'ombres en présence dont la fatidique situation de la rive sud-est de la Méditerranée. Et pas seulement ! En effet, et à défaut d'un mouvement d'ensemble allant dans le sens ci-dessus mentionné, les distorsions en cours dans la région semblent bien fausser, voire embrouiller, les perspectives d'une telle conception unioniste.

Par ailleurs, il se confirme de plus en plus, de par l'objectif de ce colloque, que les regroupements régionaux, hormis les intérêts de leaderships et autres avantages restreints bien ciblés, ne suscitent nullement un engouement des peuples et gouvernements du monde malgré les volontarismes respectifs. Nullement ! En revanche, il existe d'autres scénarios qui, bâtis sur la réciprocité des intérêts, pourraient engouer les systèmes publics et privés dans leur ensemble, apparemment en mal d'inspiration, à se rapprocher pour former des entités fiables et viables. Dont la gestion mondialisée de l'évolution des aspirations des peuples, notamment celles liées à la paix, la concorde et le bien-être partagé.



UN CAPITALISME MONDIALISE SERAIT-IL ENVISAGEABLE
AU COURS DE CE SIÈCLE ?



Le grand tournant dans ce sens fut assurément la chute précipitée, à l'orée du présent siècle, du bloc communiste dit également de l'Est.

Aujourd'hui, l'économie mondiale n'a plus de limites idéologiques. Et c'est tant mieux ! En revanche, des survivances monopolistiques en certains produits et ressources dont fondamentalement alimentaires, énergétiques et, enfin, de l'armement stratégique, entre autres avancées technologiques, ont pris le relais, voire le dessus sur le reste. A tort ou à raison, des groupes de systèmes liés au capitalisme ont tendance à pratiquer d'autres monopoles, y compris de décider à la place des autres, voire imposer leur point de vue, non moins contraignants pour les autres peuples aspirant à vivre et se développer librement.

Le deuxième tournant, en cours, est déterminé par ledit choc du 11 septembre 2001 et ses multiples répercussions. La crise, cyclique, du capitalisme quant à elle ne date pas d'aujourd'hui...En revanche, sa mondialisation depuis un certain temps a développé d'autres visions liées à sa légendaire flexibilité et endurance mais, également, à sa fragilité aux multiples répercussions notamment lorsque les marchés financiers sont malmenés. Comme aujourd'hui !

Enfin, le troisième tournant du siècle serait défini en un mode mondial de production des richesses équitablement distribuées entre les différentes couches d'une même société et les peuples du monde. Avec, cependant, chacun son dû !